Site Je Contribue! : « Elles sont où ces personnes-là? »

Écrit par sur 16 avril 2020

Qu’advient-il de ces milliers d’infirmières, préposés aux bénéficiaires et autres travailleurs de la santé qui se sont inscrits au site Je Contribue! pour aider à lutter contre la COVID-19 dans les établissements de santé du Québec?

C’est la question que pose la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), au lendemain de l’appel à l’aide lancé par le premier ministre François Legault aux médecins spécialistes pour qu’ils viennent prêter main-forte dans les CHSLD de la province.

Le site Je Contribue!, lancé à la mi-mars, visait à recruter des personnes hors du réseau de la santé et des services sociaux, mais détenant des compétences reconnues pour donner un coup de main, en raison du manque de personnel.

: “elles sont où ces personnes-là?” Je pense que c’est la question de la journée”,”text”:”On a des témoignages à chaque jour de gens qui sont prêts à venir aider. Quand on entend un appel comme la ministre McCann et le PM l’ont fait hier, on doit se demander: “elles sont où ces personnes-là?” Je pense que c’est la question de la journée”}}” lang=”fr”>On a des témoignages à chaque jour de gens qui sont prêts à venir aider. Quand on entend un appel comme la ministre McCann et le PM l’ont fait hier, on doit se demander : “elles sont où ces personnes-là?” Je pense que c’est la question de la journée, a témoigné Nancy Bédard à l’émission Tout un matin.

La question est pertinente. Il faut trouver les bonnes personnes pour répondre à ça. Et je pense que la ministre [de la Santé, Danielle McCann] devrait répondre.

Mme Bédard soutient que la ministre McCann s’est rapidement félicitée que de très nombreuses personnes avaient répondu à l’appel, en s’inscrivant au site. Ces propos étaient très rassurants, dit la cheffe syndicale.

La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Nancy Bédard.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Mais moi, je peux vous dire que personne n’a vraiment senti l’arrivée de ces milliers ou de centaines de personnes-là dans mes équipes, ajoute Mme Bédard.

On [a posé la question] à l’appareil gouvernemental. On n‘a pas de réponse. C’est : “on va vous revenir. C’est complexe. Vous savez, faut analyser ces demandes.” Mais ça fait quand même un mois.

C’est difficile de se faire encore dire ça un mois plus tard, que “c’est complexe”, qu’on “analyse”, ces grandes phrases-là, déplore-t-elle.

Dans un courriel envoyé à Radio-Canada, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) affirme que 444candidatures ont été reçues et transférées”,”text”:”39444candidatures ont été reçues et transférées”}}” lang=”fr”>39 444 candidatures ont été reçues et transférées dans le réseau grâce au site Je Contribue!.

Les équipes ministérielles analysent toutes les candidatures et les communiquent ensuite aux établissements des régions concernées, écrit le relationniste Robert Maranda.

Comme ce sont les établissements qui prennent en charge les candidatures transmises, nous n’avons pas les données par région, ni sur quel corps de métier a été embauché, ni sur les offres en général. Il faudrait s’adresser aux établissements de santé directement. Pour le moment, le MSSS n’a aucune autre information sur le sujet.

Extraits de témoignages reçus à Radio-Canada

Je suis infirmière retraitée depuis un an. J’étais aux soins à domicile. J’ai rempli le formulaire en ligne il y a deux semaines, et j’ai seulement reçu un courriel de réception de ma demande, et plus rien.

Je Contribue! Je suis infirmière clinicienne retraitée, mais j’ai 73ans et je juge que je peux accomplir les tâches. Je n’ai jamais reçu de réponse.”,”text”:”Depuis le tout début de la pandémie, j’ai offert mes services à trois reprises à Je Contribue! Je suis infirmière clinicienne retraitée, mais j’ai 73ans et je juge que je peux accomplir les tâches. Je n’ai jamais reçu de réponse.”}}” lang=”fr”>Depuis le tout début de la pandémie, j’ai offert mes services à trois reprises à Je Contribue! Je suis infirmière clinicienne retraitée, mais j’ai 73 ans et je juge que je peux accomplir les tâches. Je n’ai jamais reçu de réponse.

ans d’expérience. […] Ça fait 3semaines que j’attends qu’on m’appelle pour aller aider mes consoeurs. […] Je n’y comprends rien. À ma grande surprise, il y a d’autres infirmières qui m’ont contactée pour me dire qu’elles étaient dans la même situation que moi. Mme McCann, il y a un ménage à faire aux ressources humaines. Nous on veut travailler.”,”text”:”J’en ai assez d’entendre dire qu’il manque d’infirmières. Je suis une infirmière avec 28ans d’expérience. […] Ça fait 3semaines que j’attends qu’on m’appelle pour aller aider mes consoeurs. […] Je n’y comprends rien. À ma grande surprise, il y a d’autres infirmières qui m’ont contactée pour me dire qu’elles étaient dans la même situation que moi. Mme McCann, il y a un ménage à faire aux ressources humaines. Nous on veut travailler.”}}” lang=”fr”>J’en ai assez d’entendre dire qu’il manque d’infirmières. Je suis une infirmière avec 28 ans d’expérience. […] Ça fait 3 semaines que j’attends qu’on m’appelle pour aller aider mes consoeurs. […] Je n’y comprends rien. À ma grande surprise, il y a d’autres infirmières qui m’ont contactée pour me dire qu’elles étaient dans la même situation que moi. Mme McCann, il y a un ménage à faire aux ressources humaines. Nous, on veut travailler.

J’étais à la veille de terminer la deuxième année sur trois de ma technique en soins infirmiers lorsque la pandémie a frappé. Tandis que les administrateurs s’affairent à trouver de l’aide et que le gouvernement s’apprête à dépenser une fortune pour rapatrier les médecins spécialistes, je suis à la maison à faire des travaux écrits afin d’éviter de perdre ma session. Pourquoi n’a-t-on pas pensé à nous? […] J’ai l’impression de rater la meilleure occasion pédagogique de toute ma formation. L’intégration des étudiant(e)s en soins infirmiers serait, selon moi, une solution pertinente et profitable pour tous.

Pourquoi pas de futures bachelières?

Nancy Bédard se demande en outre ce qu’il advient des finissantes au baccalauréat en sciences infirmières qui ont vu leur dernier stage interrompu, et qui sont prêtes, selon elle, à être déployées sur la ligne de font.

: “nous autres on est prêtes à aller dans les CHLSD, on est prêtes à aider et personne ne vient nous chercher””,”text”:”La semaine passée, j’avais des finissantes au “bacc”, des infirmières cliniciennes qui n’ont pas pu faire leur dernier stage, mais qui seraient finissantes dans deux mois qui me disaient: “nous autres on est prêtes à aller dans les CHLSD, on est prêtes à aider et personne ne vient nous chercher””}}” lang=”fr”>La semaine passée, j’avais des finissantes au bac, des infirmières cliniciennes qui n’ont pas pu faire leur dernier stage, mais qui seraient finissantes dans deux mois qui me disaient : “nous autres on est prêtes à aller dans les CHLSD, on est prêtes à aider, et personne ne vient nous chercher”, relate-t-elle.

Elles étaient là il n’y a pas longtemps, [elles étaient] des stagiaires dans l’équipe. Elles contribuent, elles sont capables de prendre des pressions, des températures, de passer des médicaments.

C’est correct d’inviter les médecins [spécialistes], mais ça soulève [la question] : “mais qu’est-ce qu’on a fait avec ces centaines de préposés, […] de finissantes infirmières qui sont prêtes à venir donner un coup de main, ce qui ferait vraiment du sens dans les équipes de soins?”

La question est d’autant plus pertinente qu’à l’heure actuelle, des infirmières sont invitées à quitter des hôpitaux pour aller dans les CHSLD, ajoute Mme Bédard.

Elles sont déplacées des endroits où elles travaillent. On leur demande d’annuler leurs vacances, de changer de quarts de travail, de changer d’horaire pour aller dans les établissements…, observe-t-elle.

Mme Bédard souligne aussi que des centaines de préposés offrant normalement des services à domicile sont disponibles puisqu’elles ne peuvent aller visiter leurs patients dans la plupart des cas.

C’est des gens qui font ça chaque jour, qui vont aider les gens dans les familles. Pourquoi est-ce qu’on ne les a pas appelés pour les CHSLD? se demande-t-elle.

La présidente de la FIQ accueille tout de même positivement le fait que des médecins spécialistes arrivent en renfort.

Quand vous êtes en temps supplémentaire, quand vous êtes épuisées, quand vous n’arrivez pas à suffire à la tâche et que vous voyez vos patients mourir chaque jour… je pense qu’elles ont besoin de renfort, dit Mme Bédard.

Que ce soit des médecins, que ce soit des infirmières étudiantes, ce qu’elles veulent [les infirmières], c’est avoir du renfort, et si on est rendus là, ben regardez, ils vont les prendre.


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