Régularisation des demandeurs d’asile : un « effort de guerre » fédéral bien accueilli

Écrit par sur 10 juin 2020

La création d’un programme spécial et temporaire pour régulariser la situation des demandeurs d’asile travaillant dans le domaine de la santé a été chaleureusement applaudie par divers partis politiques et acteurs communautaires.

Il y a quelque chose de très bon là-dedans. [Le gouvernement Trudeau] aura réussi à créer un certain consensus, a souligné le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, en réaction aux informations dévoilées par Radio-Canada.

Ce programme, qui a été présenté mardi à des membres du Cabinet du premier ministre, permettrait aux demandeurs d’asile ayant œuvré dans le milieu de la santé, que ce soit dans des CHSLD ou des hôpitaux, d’obtenir une résidence permanente.

Différents types d’employés seraient concernés, comme les préposés aux bénéficiaires, les préposés à l’entretien ménager ou encore les agents de sécurité.

Après avoir interpellé les libéraux à plusieurs reprises au sujet de la création d’un tel programme – qui doit encore être approuvé par le Cabinet Trudeau –, le député néo-démocrate Alexandre Boulerice s’est lui aussi dit très heureux de voir le gouvernement fédéral enfin à l’écoute de notre demande pour régulariser le statut de nos “anges gardiens”.

Sans vouloir dévoiler des détails qui seront annoncés sous peu, le ministre libéral Pablo Rodriguez a confirmé la volonté du gouvernement d’aider ces demandeurs d’asile. On est tout à fait conscients du rôle essentiel que certaines personnes peuvent jouer auprès des plus vulnérables, de nos aînés, a-t-il affirmé.

De son côté, sa collègue Mélanie Joly a été plus loquace en entrevue à l’émission Tout un matin, en évoquant un effort de guerre.

Il y a des gens qui étaient sur les lignes de front, qui ont mis leur santé, parfois même leur vie, à risque. Ils ont été là aussi pour sauver la vie d’une mère, d’un père. C’est normal de se poser la question [pour] reconnaître vraiment leurs efforts.

Prudence à Québec

Le gouvernement Legault n’a pas souhaité commenter ces informations. Nous analyserons la proposition en temps et lieu, a brièvement commenté le cabinet du ministre provincial de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, qui précise toutefois vouloir reconnaître l’apport et la contribution de ces personnes durant la crise sans précédent que nous traversons.

Québec solidaire, qui soutient une telle démarche, a pour sa part demandé au gouvernement Legault de faire preuve de leadership dans ce dossier.

Ce programme, s’il voit le jour, peut être lancé sans l’appui formel de Québec, puisque le ministre fédéral de l’Immigration détient un pouvoir discrétionnaire. En revanche, en raison d’une entente entre les deux gouvernements, Québec devra néanmoins approuver la régularisation des candidats résidant sur son territoire.

Un élargissement d’accès espéré

Tout en saluant vivement cette mesure qu’elle avait réclamée, la Maison d’Haïti souhaite élargir l’accès à ce futur programme à tous les travailleurs essentiels et non le restreindre uniquement à ceux du secteur de la santé.

Il y a des personnes laissées de côté, regrette Marjorie Villefranche, directrice de cet organisme qui vient en aide aux personnes ayant un statut d’immigration précaire.

C’est une préoccupation. Pendant toute la pandémie, on s’est appuyés sur toutes ces personnes sans statut qui assuraient les services essentiels pour nous.

Un tel élargissement, avec notamment les demandeurs d’asile travaillant dans le secteur alimentaire et les épiceries, serait un scénario idéal, juge Guillaume Cliche-Rivard, le président de l’Association québécoise des avocats en droit de l’immigration, qui évoque un plan proche, actuellement, de la perfection.

Pendant la pandémie, on n’a pas eu de crise d’alimentation ou de pénurie dans les épiceries, car ces gens-là étaient au front. Le gouvernement fédéral devrait leur prêter une oreille attentive, estime-t-il.


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