Réforme du PEQ : Québec impose une expérience de travail

Écrit par sur 28 mai 2020

Les étudiants internationaux devront désormais avoir travaillé durant au moins un an pour pouvoir postuler au PEQ.

Le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration a confirmé, jeudi, les éléments déjà publiés par Radio-Canada il y a quelques jours.

Le PEQ est un programme d’immigration qui permet aux étudiants internationaux et aux travailleurs temporaires, qui vivent, étudient ou travaillent déjà dans la province, d’obtenir, à terme, une résidence permanente.

La durée de cette expérience de travail, qui sera exigée, varie selon le type de diplômes. Il faudra par exemple avoir deux années d’expérience, à temps plein, au cours des trois dernières années, pour les personnes ayant un DEP.

Une année d’expérience sera demandée, dans les deux années précédent la demande, pour ceux ayant obtenu un diplôme universitaire, par exemple.

Ces expériences n’ont pas nécessairement besoin d’être en lien avec le domaine de formation.

Ces expériences de travail n’étaient pas nécessaires, ces dernières années, pour postuler au PEQ, un programme qui a vu le jour en 2010 et qui est devenu, au fil des ans, de plus en plus attractif. L’an passé, près de 15 000 étudiants et travailleurs temporaires y ont bénéficié.

Le PEQ prend toute la place dans la catégorie des travailleurs qualifiés et paralyse Arrima.

Ce nombre va baisser inévitablement, a convenu le ministre Jolin-Barrette, qui compte favoriser la sélection d’immigrants économiques à travers le programme Arrima, qui a vu le jour l’an passé.

L’entrée en vigueur de ces changements se fera au courant de l’été, a-t-il précisé.

Les délais vont être allongés

Le PEQ est, originellement, une voie rapide vers l’immigration permanente. Québec s’engageait, dans ce processus, à délivrer un certificat de sélection (CSQ) en moins d’un mois. Dans le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ), qui accueille habituellement la majorité des immigrants économiques de la province, le délai actuel d’analyse, avancé par Québec, est d’environ 6 mois. Désormais, ce délai de 6 mois sera également en vigueur dans ce nouveau PEQ.

Du côté des travailleurs étrangers temporaires, l’expérience de travail demandée sera rallongée.

Actuellement, il est demandé une année d’expérience. Cette exigence est assez courte, selon le ministre Jolin-Barrette.

À présent, ces travailleurs devront cumuler trois ans d’expérience au cours des 48 derniers mois.

Une clause transitoire a également été annoncée. Ainsi, cette réforme ne touchera pas les diplômés internationaux et les travailleurs temporaires qui ont déjà postulé au PEQ, mais dont le dossier n’a pas encore traité.

Meilleure connaissance du français exigée

Un an après l’entrée en vigueur de cette réforme, il sera aussi demandé aux conjoints et conjointes de ces candidats d’avoir un niveau de française jugé de base, par le ministre Jolin-Barrette. Il s’agit d’une connaissance du français oral de niveau 4.

Cette exigence n’existait pas par le passé.

Par ailleurs, pour bénéficier du PEQ, les candidats doivent également fournir une preuve de la connaissance du français. Mais des irrégularités, tel que révélé par Radio-Canada, ont été constatées ces derniers années.

Nous avons été mis au courant d’irrégularités […]. Des vérifications ont été réalisées et ont révélé que la majorité des candidats ne parlaient pas le niveau de français requis.

Un document – une attestation de réussite d’un cours de français de niveau intermédiaire avancé – est au cœur de soupçons de fraudes, entraînant une enquête de l’UPAC, dont les résultats ne sont pas connus.

Cette attestation, qui était délivrée notamment par des commissions scolaires, ne sera plus admissible comme preuve de connaissance du français.

Plus de 500 places pour les préposés aux bénéficiaires

Un programme pilote va également voir le jour pour les préposés aux bénéficiaires, mais également pour les travailleurs du secteur de l’intelligence artificielle.

Depuis 2013, seulement 115 préposés aux bénéficiaires ont été sélectionnés dans les programmes d’immigration du Québec, a indiqué le ministre Jolin-Barrette. Désormais, un quota de 550 CSQ sera réservé annuellement pour des immigrants ayant une expérience dans ces deux secteurs.

Aucune liste de formation

À l’automne passé, une première version, présentée par le ministre de l’Immigration Simon Jolin-Barrette, avait été vivement critiquée par les milieux des affaires et éducatifs.

Seuls certains domaines de formation et de travail, inscrits sur une liste qui comprenait de nombreuses incohérences, donnaient alors accès au PEQ, ce qui a provoqué la colère des universités, des cégeps et de représentants du patronat.

Le gouvernement avait alors retiré sa réforme et des consultations ont été lancées. Près de 50 mémoires ont été déposées, provenant d’avocats en immigration, d’experts et d’acteurs des milieux éducatifs et des affaires.

Aucune liste n’est désormais proposée dans cette nouvelle version.


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