L’idée d’un « Éduc-porno » tièdement reçue par l’industrie

Écrit par sur 7 mars 2020

Revoir l’éducation sexuelle des jeunes, oui, mais sans aller jusqu’à imposer de la censure ou une « police des moeurs » : un représentant de l’industrie de la pornographie n’est pas entièrement convaincu des idées mises de l’avant par le candidat à la chefferie du Parti québécois Paul St-Pierre Plamondon, qui a proposé de mieux encadrer ce divertissement pour adultes.

En entrevue à l’émission Le 15-18, sur les ondes d’ICI Première, Nicola Lafleur, producteur et réalisateur chez Pégase Productions, qui propose des contenus pour adultes, reconnaît qu’il est nécessaire de revoir le rapport des jeunes avec la pornographie.

Je crois qu’on est d’accord sur un certain nombre de points, notamment qu’il y a un manque d’éducation sexuelle chez les jeunes, et un accès trop facile à la pornographie par les consommateurs mineurs, a ainsi déclaré M. Lafleur, après avoir d’abord indiqué qu’il avait une réaction quelque peu mitigée par rapport aux propositions mises de l’avant par M. St-Pierre Plamondon.

M. Lafleur est toutefois fermement opposé à un système où les internautes devraient activement réclamer un accès aux contenus pornographiques, et donc où tous les contenus pour adultes seraient d’abord interdits d’accès, tel que suggéré par le candidat péquiste.

Pour moi, ce type [de système], c’est nettement exagéré. Je suis d’accord pour que des moyens puissent être mis en place, et des moyens existent déjà, comme des contrôles parentaux. […] Barrer complètement l’accès, c’est la fin de l’industrie [de la pornographie].

Pas question non plus, pour M. Lafleur, de financer l’éducation sexuelle des jeunes à même les revenus de l’industrie pornographique, soit à hauteur de 0,5 %, comme le propose M. St-Pierre Plamondon.

À l’échelle internationale, cette industrie est évaluée à environ une centaine de milliards de dollars américains. Il me semble que cela devrait venir des budgets du ministère de l’Éducation, a lancé Nicola Lafleur, avant d’indiquer que l’industrie de la pornographie payait ses impôts et ne profitait d’aucune aide gouvernementale.

Un « problème de société »

ans”,”text”:”La pornographie occupe de plus en plus de place dans notre société depuis 10, 15ans”}}” lang=”fr”>La pornographie occupe de plus en plus de place dans notre société depuis 10, 15 ans, avait déclaré, mercredi, M. St-Pierre Plamondon, lors de son entrevue radiophonique.

Selon lui, la proportion d’adultes consommant du contenu XXX a augmenté en flèche, mais près de la moitié des jeunes regardent également des vidéos pornographiques. Cela a un impact en matière de santé publique.

L’État n’a pas à gérer ce qui se passe dans la chambre à coucher, mais l’État une responsabilité en matière de santé publique.

Les impacts de cette généralisation de la consommation de pornographie se font aussi sentir lorsqu’il est question de consentement et de violence sexuelle, a soutenu le candidat péquiste.

On veut que les enfants soient davantage conscients que la pornographie ne représente pas les rapports entre hommes et femmes, a-t-il poursuivi.

Toujours selon lui, il y a des études qui démontrent que si on consomme régulièrement de la pornographie, on est plus à risque d’avoir des comportements violents lors d’actes sexuels.

Questionné à propos d’un imaginaire pornographique qui est bien souvent dégradant pour la femme, généralement placée en position de vulnérabilité, M. Lafleur a précisé que toutes les productions pour adultes réalisées au Québec se devaient d’être approuvées par la Régie du cinéma. Chez Pégase Productions, on veut que tout le monde se sente bien, que ce soit consensuel, mais aussi que tout le monde soit sur un pied d’égalité.

Plutôt que d’y aller avec une police des mœurs, ou de tomber dans la censure, M. Lafleur suggère plutôt de « préciser des choses » dans la loi : S’il faut le faire pour que ce soit encore plus clair au niveau du consentement, ou de l’égalité hommes-femmes, je n’ai aucun problème avec ça.

Celui-ci a également reconnu que certaines productions [de l’industrie] ne cadrent pas avec nos valeurs, et peuvent heurter les sensibilités.

Y a-t-il, dans ce cas, un problème au sein de l’industrie en ce qui concerne le traitement des femmes? Il faut faire la nuance, soutient M. Lafleur. Il y a peut-être eu des cas problématiques, par exemple des situations où les actrices n’étaient pas encore majeures, mais les scénarios décriés par certains se retrouvent aussi du côté de la porno gaie, dit le producteur et réalisateur.

Si la proposition de Paul St-Pierre Plamondon est adoptée, un comité d’experts serait formé pour concevoir l’organisme de prévention et d’éducation sur la sexualité.

Le candidat péquiste n’estime pas, non plus, que le mandat d’un nouvel organisme viendrait dédoubler le travail de prévention et d’éducation, en plus des cours d’éducation à la sexualité, qui sont de nouveau donnés dans les écoles québécoises depuis 2018.

Je pense que c’est un signal qu’il y a eu un changement important dans ce domaine, dans notre société. […] C’est simplement une question de fournir des informations aux gens.


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