Les proches aidants n’auront plus à passer de tests pour entrer dans les résidences

Écrit par sur 8 mai 2020

Québec fait volte-face et corrige sa directive de dépistage obligatoire dont l’application était impossible sur le terrain. Mais à trois jours de leur visite tant attendue, de nombreux proches aidants se plaignent d’essuyer des refus de CHSDL et de résidences, car ils ne sont pas considérés comme « significatifs ».

La ministre des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a annoncé un nouvel assouplissement pour les familles. Qu’ils visitent une résidence avec ou sans éclosion de COVID, les aidants n’auront pas à présenter un test négatif datant de moins de six jours à renouveler toutes les deux semaines.

Encore jeudi, les autorités locales de santé se demandaient quand et comment appliquer cette directive alors que seules les personnes présentant des symptômes ont le droit d’être dépistées.

On s’est rendu compte que c’était complexe.

On espère que les proches aidants ne viendront pas avec des symptômes, a ajouté la ministre qui était questionné par les députés d’opposition en commission parlementaire virtuelle.

Marguerite Blais affirme que c’est la santé publique qui a autorisé la nouvelle directive, entre autres parce que le personnel des zones froides ne sont eux-même pas testés tous les 15 jours.

La ministre a choisi de ne tester personne. Est-ce qu’il n’aurait pas été plus prudent de tester à la fois les proches aidants et les employés?

Dans les résidences déjà aux prises avec une éclosion de COVID, les proches aidants devront signer une décharge de responsabilité avant d’entrer. Et dans toutes les zones, qu’elles soient chaudes ou froides, ils devront porter des équipements de protection.

Des proches aidants encore exclus par la définition du ministère

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a été elle-même une proche aidante.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

La ministre des Aînés et des Proches aidants Marguerite Blais avait annoncé mardi un « assouplissement » des règles pour permettre le retour de proches aidants dans les CHSLD et les résidences, dès le lundi 11 mai. Mais dans les faits, plusieurs déchantaient.

« Je suis mêlé, confus, ce n’est pas clair », dit Mauro Pizioli, qui espérait retourner aider sa mère de 82 ans dès lundi, après deux mois de séparation.

Dès que la ministre Marguerite Blais a fait son annonce, j’ai demandé au CHSLD si je peux venir lundi. Ils m’ont dit non.

« Mon bonheur n’a pas duré longtemps », témoignait une autre proche aidante qui a souhaité garder l’anonymat pour ne pas se mettre à dos le CHSLD où réside sa mère âgée de 100 ans. Elle aussi a essuyé un refus.

Ce que je trouve triste dans tout ça, c’est de voir comment le discours politique peut être différent une fois descendu sur le terrain.

Il n’existe pas de définition officielle et consensuelle de ce qu’est un proche aidant, mais dans une lettre adressée aux centres intégrés de santé du Québec, le sous-ministre à la Santé et aux Services sociaux, Yvan Gendron, précise lesquels seront acceptés dans les CHSLD et les résidences.

Les proches aidants admis devront être déjà « connus du personnel et des gestionnaires pour leur implication significative auprès du résident. Par soutien significatif, on réfère aux personnes qui apportaient [avant la crise] une aide et un soutien tous les jours ou plusieurs fois par semaine ».

La fille d’une résidente de CHSLD à qui l’accès ne sera pas permis témoigne :

Lorsque je visite ma mère, en plus de lui apporter des petites provisions et des gâteries, j’en profite pour la coiffer, lui laver le visage, faire sa manucure, laver ses prothèses dentaires, lui mettre son pyjama, mais surtout, je lui parle, la rassure, je fais des petites activités (bingo, casse-tête…) avec elle et je la fais rire.

Le Regroupement des aidants naturels du Québec (RANQ) n’était pas du tout surpris par les témoignages que nous avons recueillis. Même si elle reconnaît la bonne volonté du gouvernement, sa présidente Johanne Audet, remarque que sur le terrain, les portes ne s’ouvrent pas, en raison, entre autres, du flou entourant la définition de proche aidant significatif.

Nos lignes ne dérougissent pas de proches aidants, parfois en pleurs, qui ne comprennent pas pourquoi ils se voient refuser [les visites].

Le RANQ ne comprend pas pourquoi un proche aidant serait exclu parce qu’il visite son parent une ou deux fois par semaine.

Demandez à une personne aînée si la seule visite de la semaine que son proche parvient à lui faire n’est pas significative?

Par ailleurs, les éventuels remplaçants d’aidants naturels trop âgés pourraient ne pas être reconnus comme significatifs par les résidences. De même que des enfants actuellement sans emploi qui trouveraient soudainement du temps pour visiter leurs parents de façon quotidienne.

Même des établissements se plaignaient du flou entourant les nouvelles directives, cette semaine, et de la confusion que cela crée.


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