Les femmes en politique font face à « deux poids, deux mesures », selon Valérie Plante

Écrit par sur 8 mars 2020

Un peu plus de deux ans après avoir été élue première mairesse de Montréal, Valérie Plante se permet maintenant d’aborder ouvertement les préjugés que doivent affronter les femmes en politique. C’est sa façon bien à elle de mieux les combattre.

Quand elle entre dans la pièce, impossible de la manquer. La démarche déterminée, l’accueil chaleureux, le chemisier jaune rayonnant, et ce sourire, qui est un peu devenu la marque de commerce de Valérie Plante.

Je ne sais pas comment ne pas sourire, lance celle qui a déjà craint que ce trait de personnalité ne mine son sérieux ou la fasse passer pour une idiote.

J’ai décidé que moi je veux demeurer qui je suis. Je suis arrivée en politique sans masque. Les gens m’ont élue pour qui je suis, cette Valérie combative souriante qui a une vision forte, et je vais le demeurer, a-t-elle expliqué en entrevue à l’émission Les Coulisses du pouvoir.

La chef de Projet Montréal, première mairesse de la métropole québécoise, a rapidement compris que son sourire, à lui seul, ne permettrait pas d’abattre tous les stéréotypes à l’égard des femmes en politique.

Dans certaines rencontres, je ne vous cacherai pas que parfois j’ai [dit] à des personnes de haut niveau, “J’entends vos commentaires, mais j’aimerais vous rappeler que la mairesse, c’est moi“.

Pour moi l’affirmer, le nommer, c’est une façon de faire l’éducation et de pouvoir d’une certaine façon aiguiser les sensibilités au double standard, poursuit-elle.

Valérie Plante a tout de même attendu d’arriver à mi-chemin de son mandat pour dénoncer les deux poids, deux mesures auxquelles font face les femmes en politique. Pour ne pas avoir l’air de jouer à la victime. Pour ne pas donner de munition à ses détracteurs.

J’ai décidé […] de montrer pendant deux ans ma capacité à livrer la marchandise. Augmenter mon taux de crédibilité pour que les gens disent “ah! oui d’accord je l’aime cette fille-là, je sais ou elle s’en va”, et là, après deux ans, j’ai dit OK, je me sens assez en sécurité pour en parler.”

Recruter les femmes en politique

Il faut regarder une photo des membres du caucus des maires des grandes villes canadiennes pour comprendre à quel point convaincre les femmes de faire de la politique demeure un énorme défi. Parmi les 22 grandes villes canadiennes, seules trois, incluant Montréal, sont dirigées par des femmes.

Valérie Plante, qui a été recrutée par le Groupe Femme, Politique et démocratie, souhaite inciter d’autres femmes à s’impliquer. Les convaincre que le jeu en vaut la chandelle, même si les premiers pas peuvent sembler difficiles.

Je pense qu’en devenant mairesse, je savais la pression, mais également la responsabilité que j’avais. Je savais qu’automatiquement, j’allais être un modèle.

J’essaie de démontrer par l’exemple. Mais quand je jase avec des femmes qui me disent “Ah! la politique, ça m’intéresse, mais toute cette pression-là, c’est dur”, je leur dis oui, il faut se faire une carapace, je ne vous le cacherai pas, mais il faut surtout accepter qu’on n’est pas parfait. C’est bien correct de même.”, ajoute la mairesse.

Valérie Plante est fermement convaincue qu’à force de voir différents styles de leadership féminin dans toutes les sphères du monde politique, la perception des électeurs changera. Que certains des préjugés qui sont encore aujourd’hui véhiculés à l’égard des femmes en politique disparaîtront d’eux même. Un travail de longue haleine, qui ne se règlera pas en un mandat.

Par ailleurs, la mairesse a déjà indiqué qu’elle sollicitera un second mandat. Le plafond de verre est-il vraiment brisé à Montréal?

Oui, répond-elle, mais c’est toujours fragile.

L’intégrale de l’entrevue avec Valérie :Plante sera diffusée dimanche matin à l’émission Les coulisses du pouvoir à 11 h sur ICI RDI et ICI Télé.


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