Le ministre Miller veut de meilleures données sur les Autochtones touchés par la COVID-19

Écrit par sur 12 mai 2020

Le Canada doit améliorer ses efforts de collecte de données sur la présence de la COVID-19 au sein des Premières Nations, des Inuit et des Métis s’il veut mieux comprendre comment le nouveau coronavirus affecte les peuples autochtones à travers le pays, a déclaré le ministre des Services aux Autochtones, Marc Miller.

« Nous apprenons de l’expérience passée des réponses aux pandémies au Canada… que nous devons reconnaître et comprendre que [les populations autochtones] ont un risque plus élevé d’être touchées de manière disproportionnée par la COVID-19 », a déclaré le ministre Miller.

« En plus d’un meilleur accès aux tests, nous sommes parfaitement conscients de la nécessité de produire de meilleures données collectées avec celles comptabilisées [à partir de différentes sources]. »

Lorsqu’il s’agit de comptabiliser les cas confirmés de COVID-19 dans les communautés autochtones, seuls les cas touchant des membres vivant dans les communautés et celles vivant dans l’Inuit Nunangat – les régions inuit du Canada – sont notés avec précision, a déclaré Marc Miller, puisque ces communautés relèvent de la juridiction de son ministère.

Cette situation signifie qu’il est difficile d’établir combien de cas positifs peuvent être attribués aux membres des Premières Nations vivant hors communauté ou aux Métis et Inuit qui ne vivent pas sur leur terre d’origine. Les informations sur ceux-ci sont recueillies par les services de santé publique provinciaux, territoriaux et fédéraux.

Une partie du problème tient au fait que ces populations ne sont pas toujours tenues de s’identifier comme Autochtones lorsqu’elles subissent des tests de dépistage dans des centres médicaux, a déclaré le bureau du ministre dans un courriel à CBC News.

Ces personnes sont intégrées aux systèmes de données provinciaux et territoriaux, ce qui rend plus difficile de déterminer précisément qui est derrière les chiffres annoncés quotidiennement. Cette situation entraîne nécessairement une modélisation moins précise des données recueillies et publiées.

Des échantillons à tester pour la COVID-19 dans un laboratoire de la Colombie-Britannique.

Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck

Marc Miller a appelé les provinces, les territoires et l’Agence de la santé publique du Canada à faire leur possible afin de combler l’écart.

« Pour être franc, les données fournies par mon service sont limitées par ce qui est collecté », a-t-il déclaré.

De nombreux Autochtones oubliés

Selon les données accessibles publiquement auprès de Services aux Autochtones Canada, le nombre total de cas connus parmi les Autochtones était de 168 au 8 mai. Ce chiffre ne comprend toutefois que les membres des Premières Nations vivant au sein des communautés dans les provinces.

Le ministre Marc Miller a utilisé comme exemple le dénombrement des cas dans le nord de la Saskatchewan pour illustrer comment des chiffres comme ceux-ci ne dépeignent aucunement les cas réels de la COVID-19 dans les communautés autochtones.

Le village de La Loche, dans l’extrême nord de la province, est actuellement l’épicentre d’une épidémie dans la région, représentant plus de 140 des 203 cas actifs de la province, en date du 8 mai. Mais, selon le ministre, seuls 16 des cas positifs de la région peuvent être attribués aux peuples autochtones dans les communautés. Ce chiffre ne tient aucunement compte de la population largement métisse de la région.

La communauté de La Loche est l’un des épicentres de l’épimédie de COVID-19 en Saskatchewan.

Photo : Radio-Canada

« Étant donné que La Loche est une communauté majoritairement métisse et dénée, la présomption est donc que [plus de cas que ceux officiellement recueillis] sont chez des Autochtones. Pour être franc, il s’agit d’une lacune dans les données. »

Marc Miller a affirmé qu’Ottawa avait déjà promis 250 000 $ pour améliorer les efforts de collecte de données qui permettraient une modélisation plus précise de la propagation du virus dans les communautés autochtones. Celles-ci permettraient au gouvernement de mieux encadrer la réponse du fédéral pour venir en aide à ces populations.

Les dirigeants autochtones veulent une meilleure collaboration

La reconnaissance du ministre Miller pour les failles dans la représentativité des données recueillies intervient après que les dirigeants autochtones aient demandé une meilleure coordination entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, lors d’une réunion du comité des affaires autochtones et du Nord de la Chambre des communes qui s’est tenue vendredi.

David Chartrand, le vice-président du Ralliement national des Métis, a déclaré que l’éclosion de La Loche prouvait qu’Ottawa et les gouvernements provinciaux avaient du mal à assumer leur responsabilité pour les Métis.

Pendant ce temps, le président d’Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, a appelé à une augmentation du nombre de tests de dépistage, mais a reconnu que de nombreuses communautés inuit avaient réussi à ce jour à éviter le pire de la pandémie.

Perry Bellegarde, le chef national de l’Assemblée des Premières Nations.

Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck

Perry Bellegarde, le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, a également déclaré au comité que les Premières Nations n’ont pas accès à des sources fiables d’informations pour suivre les infections dans leurs propres populations. Il estime en conséquence que les cas positifs seraient sous-estimés.

Lors de la conférence de presse de samedi, Marc Miller est resté vague sur la façon dont son ministère pourrait obliger d’autres juridictions à améliorer leurs pratiques de collecte de données. Il a de plus reconnu qu’il comprenait que la confidentialité des données restait une priorité absolue, même dans les circonstances.

D’après un texte de Raisa Patel, CBC News.


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