La commission sur les pesticides recommande d’étudier l’effet « cocktail »

Écrit par sur 19 février 2020

Parmi les 32 recommandations dévoilées par les parlementaires, mercredi, se trouvent de nouvelles propositions pour mieux évaluer les risques potentiels pour la santé de ce qui se retrouve dans nos assiettes.

Les députés de la commission, dont une majorité d’élus de la Coalition avenir Québec, recommandent au ministère de la Santé de réaliser une étude épidémiologique sur l’impact des pesticides sur la santé ainsi que sur l’effet combiné des produits chimiques pour clarifier la situation québécoise.

Cette proposition n’était pas présente dans le rapport préliminaire de huit recommandations qu’avait dévoilé Radio-Canada. En raison des critiques de l’opposition et de témoins de la commission, la CAQ a finalement consenti à bonifier son rapport.

Dans le document, les parlementaires critiquent la procédure fédérale d’homologation des pesticides qui est gérée par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire.

Elle contient plusieurs failles, selon eux comme le fait d’utiliser une grande proportion de données provenant de l’industrie dans ses analyses ou encore le fait d’examiner principalement les effets de l’ingrédient actuel du produit seul.

Les effets combinés (“effet cocktail”) des pesticides, encore méconnus pour la plupart, sont exclus des analyses.

L’exposition simultanée à plusieurs pesticides peut entraîner des effets synergiques, soit des effets plus importants que pour chaque pesticide pris isolément, explique Nadine Bachand, chargée de projet pesticides et produits toxiques chez Équiterre. Par exemple, l’atrazine combinée au fipronil et à l’imidaclopride (deux néonicotinoïdes) augmente la mortalité des larves de crevettes de manière synergique.

Résidus de pesticides dans les aliments

Les députés de la commission sur les pesticides ajoutent aussi une nouvelle recommandation visant à ce que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) renforce le programme québécois de surveillance des résidus de pesticides dans les aliments en augmentant et en diversifiant l’échantillonnage, en publiant les résultats sur une base régulière et prévisible.

Les trois quarts des fruits et légumes frais du Québec contiennent des résidus de pesticides, selon un rapport du MAPAQ. Près de 5 % d’entre eux en comportent trop.

Une pomme peut contenir des traces de 50 pesticides. Une trentaine pour les fraises, les pêches ou les nectarines.

Près de 3 % des agrumes analysés par l’Agence canadienne d’inspection des aliments contiennent plus de pesticides que le maximum autorisé.

D’autres recommandations consenties par la CAQ

  • Que le ministère de l’Environnement réévalue le Code de gestion des pesticides et le Règlement sur les permis et les certificats pour la vente et l’utilisation des pesticides afin de mettre à jour la liste des pesticides à usage restreint et évalue la possibilité de réviser cette liste de façon régulière.
  • Que le gouvernement du Québec fasse les représentations nécessaires afin d’inciter le gouvernement fédéral à réformer le processus d’homologation des pesticides par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, notamment par la prise en considération plus importante des études indépendantes dans l’homologation; l’utilisation du principe de précaution lors de la mise en marché de nouveaux pesticides en agriculture; la révision des délais d’homologation; l’amélioration de l’accessibilité des études utilisées.
  • Que le gouvernement révise le Code de déontologie des agronomes de manière à mieux encadrer son application, notamment en clarifiant la notion d’indépendance.

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