Éducation physique à la carte à l’école post-confinement

Écrit par sur 6 mai 2020

Si votre enfant rêvait de retrouver son cours d’éducation physique après des semaines de confinement, rien n’est moins sûr. En fait, tout dépend de l’école.

Difficile de s’y retrouver dans les directives du ministère de l’Éducation pour les cours d’éducation physique dans les écoles primaires du Québec au retour du confinement.

En vertu des directives de la Santé publique (distanciation de 2 mètres et éviter les allées et venues non essentielles), il n’y aura pas de cours d’éducation physique après le confinement, a écrit le cabinet du ministre à Radio-Canada Sports lundi.

Pourtant le lendemain, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge disait le contraire sur les ondes de 98,5 : Ça va dépendre si on est capable d’avoir suffisamment d’enseignants.”,”text”:”Ça pourrait se faire à l’extérieur. Ça va dépendre si on est capable d’avoir suffisamment d’enseignants.”}}” lang=”fr”>Ça pourrait se faire à l’extérieur. Ça va dépendre si on est capable d’avoir suffisamment d’enseignants.

La Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec (FÉÉPEQ) indique que la décision d’offrir ou non cette spécialité aux élèves relève des directions d’écoles.

C’est un choix qui est fait en fonction de l’environnement scolaire en fonction de la disponibilité du personnel, en fonction aussi de la présence d’une cour extérieure adéquate. C’est extrêmement variable d’un milieu à l’autre.

C’est donc de l’éducation physique à la carte. Ce qui varie beaucoup aussi, c’est l’interprétation qu’on fait des consignes de la part des décideurs.

On ne peut pas donner d’éducation physique parce qu’un gymnase est fermé, ajoute Véronique Marchand. Ou on ne peut pas donner de l’éducation physique parce qu’on n’a pas l’autorisation de permettre une accélération du rythme cardiaque des jeunes, car le virus pourrait se propager plus rapidement. C’est une directive basée, entre autres, sur une fausse nouvelle parue il y a deux semaines.

Martin Archambault, éducateur physique à l’école Sainte-Marguerite à Laval, ne pourra pas faire bouger ses jeunes en confinement depuis des semaines.

Des jeunes dans un cours d’éducation physique

Photo : Radio-Canada

Pour ajouter à la confusion, il explique que selon les consignes du ministère, il n’y a pas de spécialité enseignée, sauf l’anglais.

Pour l’instant, l’éducation physique n’est sûrement pas la priorité. On fait quelque chose qui ne s’est jamais fait avec peu de structures, peu de consignes, peu de lignes directrices. Les premiers navigateurs ne savaient pas que la terre était ronde. Il y avait toujours quelqu’un en avant qui surveillait pour voir si on n’était pas pour tomber. Et on est un petit peu dans cette situation-là. On ne sait pas ce qu’on va faire, on ne sait pas ce qui va arriver. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d’inconnues.

Des informations contracdictoires

Les informations arrivent au compte-goutte et il y a beaucoup d’incertitudes dénonce Frédéric Gagnon, enseignant en éducation physique à l’école Sainte-Madeleine, à Vaudreuil-Dorion.

Ce qui est convenu dans son cas, c’est qu’il se déplacera de classe en classe pour enseigner l’éducation physique à l’intérieur de l’école. Mais, pour lui, pas d’action en classe, plutôt des discussions sur les saines habitudes de vie.

Je n’ai pas l’aisance de faire bouger les élèves à l’intérieur de la classe avec des essoufflements, avec la proximité.

Ce qui surprend aussi, c’est que ce déplacement de classe en classe vient à l’encontre d’une des mesures de la CNESST qui dit ceci : Si possible […] le personnel devrait toujours avoir le même groupe d’élèves.

Après vérification auprès de la CNESST, l’enseignant a reçu des précisions.

Honnêtement, je ne laisserai pas un groupe d’enfants en difficulté. Puis, je ne dirai pas non à ma directrice. Elle peut me faire faire ce qu’elle veut. Mais, dans un scénario idéal, elle ne peut pas me faire circuler à l’intérieur de l’école. Il faut que je sois attitré à une classe ou que j’enseigne mon éducation physique à l’extérieur, affirme Frédéric Gagnon.

La priorité pour la direction de l’école Sainte-Madeleine, c’est d’enseigner l’éducation physique à l’extérieur.

D’autres éducateurs physiques, comme Yann Forgues, de l’école des Étriers à Saint-Lazare, privilégie l’enseignement à l’extérieur. Il sait que l’éducation physique est maintenue dans son établissement, mais sans plus.

Des jeunes pendant un cours d’éducation physique

Photo : Radio-Canada / Etienne Bruyère

En fait, il y a tellement d’inquiétude de la part des enseignants en éducation physique sur ce qui est permis ou non de faire que la Santé publique clarifiera les choses jeudi, à la demande de la FÉÉPEQ.

Voici d’ailleurs ce qu’on expliquera aux membres de la FÉÉPEQ :

Les grandes lignes de la Santé publique, c’est qu’il est important que les jeunes soient actifs, affirme Véronique Marchand. Que l’enseignement à l’extérieur est à privilégier. Que la règle de base, c’est le 2 mètres de distance. Et que, pour toute chose dont on ne connaît pas la réponse, on y va avec le principe de précaution et on s’abstient de le faire.

Il serait, par ailleurs, envisageable qu’il y ait du matériel propre à chaque enfant, qui serait ensuite envoyé en zone de décontamination un certain temps.

Un autre rôle pour les gymnases

Voici qui éclairera peut-être aussi des directions d’école.

Les gymnases seront fermés aux cours d’éducation physique et pourraient servir de salle de classe pour les élèves en surplus dans l’école.

Les gymnases pourraient accueillir des groupes d’élèves afin d’y dispenser des services d’encadrement pédagogiques si les autres locaux de l’école sont occupés, indique le cabinet du ministre de l’Éducation.

Ce qu’on sait aussi, c’est que les nouveaux groupes, formés pour respecter le nombre maximal de 15 élèves par classe, nécessiteront plus d’enseignants. Et on pourrait bien faire appel aux éducateurs physiques selon l’arrêté 2020-008 de la ministre de la Santé et des Services sociaux (renouvelé par le décret numéro 478-2020 du 22 avril 2020).

Les enfants resteront dans le même local toute la journée pour dîner aussi. Ils auront deux récréations pour prendre l’air.

Frédéric Gagnon en convient, certains enfants en difficulté à la maison doivent retourner à l’école. Mais il demeure sceptique sur l’impact de cette rentrée post-confinement.

Je suis pour un retour, mais je me demande quel effet bénéfique ça peut apporter à nos enfants quand on les laisse confinés avec toutes les restrictions qu’il va y avoir.

La mobilisation des équipes et le bon vouloir du personnel sont palpables. Le stress aussi.

Comme pour le reste dans cette crise sanitaire, tout peut changer rapidement. La date de la rentrée aussi.


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