COVID-19 aux États-Unis : un voisin « préoccupant » pour Ottawa

Écrit par sur 25 mars 2020

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévient que les États-Unis pourraient devenir le prochain épicentre de la pandémie. Le gouvernement canadien surveille avec inquiétude la situation chez son plus proche voisin, avec qui il partage la plus longue frontière terrestre du monde.

Plusieurs personnes, bien au fait de la situation à Ottawa et contactées par Radio-Canada, jugent préoccupante l’évolution de la crise au sud de la frontière.

Si le gouvernement américain ne prend pas ça au sérieux, ça va se multiplier, c’est sûr, nous a confié sous le couvert de l’anonymat une source gouvernementale canadienne haut placée.

Si à un moment donné ça se multiplie et que ça va mal, les frontières vont se fermer complètement et là, ça devient un sérieux problème pour l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement, notamment les médicaments.

D’ailleurs, selon les plus récentes données publiées par Industrie Canada, 38 % des importations liées à l’industrie pharmaceutique au Canada proviennent des États-Unis.

Le gouvernement fédéral surveille d’extrêmement près les chiffres en provenance des États-Unis, qui comptent beaucoup plus de cas d’infection en proportion qu’au Canada.

En fin de journée mardi, le Canada rapportait 2792 cas de COVID-19, tandis que les États-Unis en recensaient 54 823.

La quantité de test de dépistages américains, proportionnellement inférieure à ceux menés en sol canadien, est également surveillée.

En fin de soirée mardi, le site web de COVID Tracking Project rapportait que 353 120 tests avaient été effectués aux États-Unis.

La situation est particulièrement préoccupante dans l’État de New York, qui est frontalier avec le Canada.

Toujours selon le site web de COVID Tracking Project, 25 665 personnes ont eu un résultat positif dans cet État, et que 210 personnes ont perdu la vie.

Les autorités de l’État de New York ont confirmé que les cas de contamination doublent tous les trois jours. Le vice-président des États-Unis Mike Pence a qualifié la région métropolitaine de New York et sa population d’environ 20 millions d’habitants de zone à haut risque et a demandé à tous les Américains qui en reviennent de vérifier s’ils n’ont pas les symptômes associés à la COVID-19.

Dans ce contexte, la fermeture de la frontière canado-américaine aux voyages non essentiels samedi dernier était la chose à faire pour protéger les Canadiens“,”text”:”pour protéger les Canadiens”}}” lang=”fr”>pour protéger les Canadiens, selon Justin Trudeau.

Est-ce qu’Ottawa aurait pu agir plus tôt et fermer la frontière qu’il partage avec son voisin du sud en même temps qu’il a fermé sa frontière aérienne aux autres pays? Il y avait un risque réel de brusquer et de froisser le président Donald Trump avec une intervention précipitée, selon une source.

D’ailleurs, le fait que le Canada ait attendu quelques jours a été perçu comme un geste d’amitié par Donald Trump, explique-t-on.

Le gouvernement fédéral doit trouver l’équilibre. Le maintien d’une bonne relation avec la Maison-Blanche est jugé essentiel, surtout que beaucoup de produits qui se retrouvent sur les tablettes des épiceries actuellement viennent des États-Unis. Les économies des deux pays sont imbriquées, rappelle cette source.

Pas de mesures plus musclées

Selon nos informations, le gouvernement fédéral n’envisage pas, à court terme, d’adopter de nouvelles mesures pour restreindre davantage la circulation entre les deux pays ou resserrer les contrôles à la frontière.

Nous sommes prêts pour une variété de scénarios, a déclaré mardi le premier ministre Justin Trudeau. Nous avons des plans d’urgence en fonction de la trajectoire du virus au Canada ou ailleurs dans le monde, a-t-il poursuivi. Le premier ministre laisse la porte ouverte à des mesures plus restrictives si les circonstances l’imposent.

Tout est sur la table et nous répondrons à chaque étape avec les actions nécessaires.

Qu’adviendra-t-il si le président Donald Trump passe de la parole aux actes et rouvre son pays en mettant fin à certaines mesures de distanciation d’ici Pâques, et ce même si la crise sanitaire n’est pas contrôlée au sud de la frontière?

Au gouvernement canadien, une source affirme que face à une situation qui évolue d’heure en heure, on ne peut pas prédire ce qui va se passer dans trois semaines.

Une bonne collaboration

Selon nos informations, la collaboration des autorités américaines est bonne en cette période de crise et les canaux de communication demeurent ouverts.

La vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, a des contacts fréquents avec des représentants de l’administration Trump.

Nous sommes en contact étroit et nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires américains. C’est ce que nous faisons depuis le début de cette pandémie, et ce que nous allons continuer de faire, particulièrement en ce qui concerne la frontière canado-américaine et nos réponses respectives à la pandémie, a écrit un porte-parole du bureau de Mme Freeland.

Justin Trudeau a quant à lui discuté quatre fois de la crise avec le président Trump au cours des dernières semaines.

La ministre canadienne de la Santé, Patty Hajdu, est aussi en contact régulier avec les autorités américaines.


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