Annexions en Cisjordanie : d’anciens diplomates interpellent Trudeau

Écrit par sur 2 juin 2020

Plus d’une cinquantaine de diplomates canadiens à la retraite et d’anciens ministres libéraux signent une lettre demandant à Justin Trudeau de se positionner clairement contre le plan d’annexion des colonies israéliennes en Cisjordanie par l’État hébreu.

En tant qu’anciens diplomates canadiens, nous vous invitons à défendre la réputation du Canada au sein de la communauté internationale par une prise de position publique et non ambiguë, peut-on lire dans la missive envoyée lundi au premier ministre du Canada.

Parmi la liste des signataires figurent d’anciens ministres libéraux, dont Lloyd Axworthy, qui avait contribué au mouvement visant à bannir les mines antipersonnel, Alan Rock et André Ouellet.

Ils soulignent que plusieurs alliés du Canada ont déjà exprimé leur opposition claire au projet israélien.

L’annexion unilatérale de territoire est strictement interdite en droit international, rappellent-ils. Les conquêtes de territoires et leur annexion mènent de façon notoire à des conséquences funestes comme la guerre, l’instabilité politique, la destruction économique, la discrimination systématique et la souffrance de collectivités, peut-on lire.

L’ancien ambassadeur canadien en Égypte, Ferry de Kerckhove, déplore le silence radio d’Ottawa sur cet enjeu : d’une acquisition illégale de territoire”,”text”:”c’est la légitimationd’une acquisition illégale de territoire”}}” lang=”fr”>c’est la légitimation d’une acquisition illégale de territoire. Le fait de ne pas réagir, c’est quand même très faible, constate-t-il.

On crie très fort quand il s’agit de l’Ukraine, mais on est étonnamment silencieux quand il s’agit du Moyen-Orient.

Réaction de l’ambassade israélienne

À la tête d’un gouvernement d’union avec le centriste Benny Gantz, le chef du Likoud Benyamin Nétanyahou est déterminé à mettre en œuvre l’annexion des colonies israéliennes en Cisjordanie, et ce, dès le début du mois de juillet.

Rappelons que l’État hébreu se trouverait ainsi à concrétiser un élément du plan de paix proposé par l’administration Trump en janvier dernier. Washington a entériné la souveraineté des colonies juives implantées en territoire palestinien occupé, en particulier dans la vallée du Jourdain et sur la côte nord de la mer Morte.

Ohad Kaynar, chargé d’Affaires de l’ambassade d’Israël au Canada, a indiqué à CBC que le plan de paix américain est la seule option viable actuellement sur la table pour dénouer le conflit israélo-palestinien.

Israël a accepté ses fondements, malgré les concessions exigées de notre part. Toutefois, les Palestiniens l’ont rejeté d’emblée, fermant encore une fois la porte à toutes négociations en vue d’un avenir pacifique, ajoute M. Kaynar.

Il est consternant de constater que des diplomates choisissent d’attaquer Israël plutôt que de favoriser le dialogue entre les parties ou d’enjoindre les Palestiniens à reprendre les négociations de paix, écrit-il.

Israël demeure déterminé à mettre en œuvre le plan de paix américain, avec l’espoir que nous trouvions éventuellement un moyen de résoudre nos différends, conclut le chargé d’affaires.

Un ton plus ferme d’Ottawa

Appelé à réagir à la lettre des anciens diplomates, le gouvernement Trudeau a semblé durcir sa position.

Le Canada est très préoccupé par le fait qu’une annexion unilatérale pourrait nuire aux négociations de paix et serait contraire au droit international et craint également que cela ne mène à une insécurité accrue pour les Israéliens et les Palestiniens à un moment critique pour la paix et la stabilité dans la région, a écrit un porte-parole du bureau du ministre canadien des Affaires étrangères.

Comment expliquer l’attitude prudente d’Ottawa sur le sujet ces dernières semaines?

Ferry de Kerckhove croit que l’assiette diplomatique canadienne est pleine en ce moment : relation imprévisible avec les Américains, gestion de la pandémie, tensions avec la Chine, etc.

Nous vivons dans une période extrêmement difficile et je crois que le gouvernement Trudeau préfère ne pas s’avancer et prendre des risques. On verra ce que ça donne dans notre campagne pour un siège au Conseil de sécurité [de l’ONU], souligne-t-il.

C’est terriblement dommage sur le plan du droit international […] et du multilatéralisme, que nous avons vraiment appuyé pendant des années, ajoute l’ancien diplomate.

Rappelons que le gouvernement Harper avait perdu un important bloc de votes lorsqu’il avait tenté d’obtenir un siège au Conseil de sécurité en 2010 en offrant un soutien sans failles à Israël.


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