Volte-face à la commission sur les pesticides, qui fera finalement des recommandations

Écrit par sur 6 février 2020

Le Parti libéral et Québec solidaire, qui rejetaient la position officielle de la commission parlementaire donnant suite à l’affaire Louis Robert de ne faire que des « observations », ont présenté conjointement leurs propres recommandations, jeudi matin. Mais à la surprise générale, le gouvernement a annoncé que la commission allait finalement faire des recommandations en bonne et due forme.

Les révélations du lanceur d’alerte congédiépuis réintégré par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ont amené les élus à se pencher sur l’encadrement de l’usage des pesticides. Mais les travaux de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) avaient abouti à une impasse, ses membres caquistes souhaitant déposer un rapport sans recommandations, au grand dam des représentants des partis d’opposition.

Mais le gouvernement a indiqué jeudi matin qu’il avait changé d’idée et que la CAPERN produirait des recommandations. Reste à voir la forme qu’elles prendront.

Il y aura des recommandations et on va continuer à discuter avec les oppositions, a déclaré le député caquiste Richard Campeau, adjoint parlementaire du ministre de l’Environnement. L’important, c’est qu’on puisse les déposer le plus rapidement possible.

Juste avant, la libérale Marie Montpetit, vice-présidente de la CAPERN, et la députée de Québec solidaire Émilise Lessard-Therrien ont formulé les leurs, au nombre de 50.

Depuis le mois de novembre, il n’y a pas eu d’évolution sur le dossier, malheureusement, a déploré Mme Montpetit. On n’a pas seulement manqué trois mois, on a manqué une saison agricole.

On n’est pas simplement là pour en apprendre davantage sur ce qui se fait en agriculture, mais vraiment pour faire des propositions concrètes pour que la situation change, s’améliore.

Lui aussi en désaccord avec la position initiale du gouvernement sur la conclusion des travaux de CAPERN, le Parti québécois comptait présenter indépendamment ses propres recommandations.

La libérale Marie Montpetit et la solidaire Émilise Lessard-Therrien ont présenté jeudi matin une série de recommandations.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Rousselle

Des recommandations réparties en cinq catégories

Au sujet des impacts des pesticides sur la santé et l’environnement, le PLQ et QS recommandent entre autres que le gouvernement :

  • réalise des études épidémiologiques afin d’évaluer les effets des pesticides sur la santé des Québécois;
  • revoie la liste des maladies professionnelles et que la maladie de Parkinson soit reconnue comme une maladie professionnelle pour les producteurs et travailleurs agricoles;
  • mette en place un fonds d’indemnisation pour les travailleurs agricoles atteints de la maladie de Parkinson;
  • considère l’interdiction d’utilisation de certains produits;
  • se donne les moyens d’améliorer ses connaissances sur le déclin des pollinisateurs au Québec et de lutter contre les causes de ce déclin;
  • mette à jour les normes de pesticides dans l’eau potable pour inclure tous les pesticides.

En ce qui a trait à aux pratiques de remplacement innovantes et à la compétitivité du secteur agroalimentaire, les deux formations proposent notamment que le gouvernement :

  • instaure des mesures de transition vers le biologique et la diversification des fermes, et vise 15 % de production biologique d’ici 2025;
  • adopte une politique d’achat alimentaire local pour ses institutions publiques et parapubliques avec une cible de produits biologiques.

Sur l’indépendance de la recherche, elles recommandent que le gouvernement :

  • s’assure que la recherche financée par des fonds publics respecte de hauts standards d’indépendance et de bonne gouvernance;
  • s’assure de la divulgation et de la diffusion publique de tous les résultats.

À propos des pratiques de prescription des pesticides par des agronomes liés à l’industrie, elles suggèrent entre autres :

  • que le gouvernement s’assure que le concept d’indépendance soit revu dans le code de déontologie des agronomes de manière à mieux encadrer son application;
  • que l’Ordre des agronomes interdise aux agronomes à l’emploi des sociétés impliquées dans la vente de pesticides de produire des justifications, prescriptions ou recommandations pour l’application de pesticides à haut risque.

Et quant aux pesticides à usage domestique et esthétique, elles proposent que le gouvernement :

  • déploie une campagne de sensibilisation sur les effets nocifs des pesticides à usage domestique et fasse la promotion des alternatives biologiques disponibles;
  • évalue la possibilité d’interdire l’utilisation de pesticides à des fins esthétiques dans les espaces publics.

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