Teck Resources abandonne le projet Frontier en Alberta

Écrit par sur 24 février 2020

L’entreprise vancouvéroise Teck Resources annonce qu’elle laisse tomber son mégaprojet d’exploitation des sables bitumineux Frontier, dans le nord de l’Alberta.

Dans une lettre adressée au ministre fédéral de l’Environnement, Jonathan Wilkinson, l’entreprise annonce « après mûre réflexion » qu’elle a pris la décision de retirer son projet du processus d’autorisation fédéral.

Dans sa longue missive, le président de Teck Resources Don Lindsay évoque le contexte social qui prévaut.

Je tiens à préciser que nous ne nous contentons pas de fuir la controverse. La nature de notre activité dicte qu’une minorité bruyante s’opposera presque inévitablement à des développements spécifiques. Nous sommes prêts à faire face à ce genre d’opposition. Frontier, cependant, fait face à un débat plus large sur le changement climatique et le rôle du Canada dans ce domaine. Nous espérons que le fait de se retirer du processus permettra aux Canadiens de passer à une discussion plus large et plus positive sur la voie à suivre. En fin de compte, cela devrait avoir lieu sans qu’une échéance réglementaire ne soit imminente.

Évoquant le vaste potentiel canadien en ressources naturelles, Don Lindsay prévient les gouvernements que les investissements risquent de se faire rares si le Canada n’en vient pas à une position claire.

La promesse du potentiel du Canada ne se réalisera pas tant que les gouvernements ne seront pas parvenus à une entente sur la manière de traiter les politiques climatiques dans un contexte d’exploitation responsable de l’énergie. Sans clarté sur cette question cruciale, la situation à laquelle Frontier a été confrontée demeurera et il sera très difficile d’attirer de futurs investissements, qu’ils soient nationaux ou étrangers.

Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, a rapidement réagi à la décision, se disant déçu de la décision de l’entreprise, mais pas surpris à la lumière des événements survenus au cours des dernières semaines.

C’est ce qui arrive quand un gouvernement manque de courage pour défendre les intérêts des Canadiens face à une minorité de militants. Le moment de l’annonce de cette décision n’est pas une coïncidence. C’était un projet viable économiquement, comme l’entreprise l’a confirmé cette semaine et pour lequel elle plaidait, donc quelque chose a clairement changé très récemment, a affirmé le premier ministre de l’Alberta.

Jason Kenney a ajouté que l’indécision fédérale à propos du processus d’approbation réglementaire et l’inaction du fédéral à l’égard des blocages ferroviaires ont créé de l’incertitude pour les investisseurs qui souhaitent investir au pays.

La situation difficile de Teck montre que même lorsqu’une entreprise dépense plus d’un milliard de dollars sur une décennie pour satisfaire toutes les exigences réglementaires, un processus réglementaire qui valorise la politique au détriment des preuves et de l’érosion de la règle de droit sera fatal à la confiance des investisseurs.

Le mégaprojet de 20 milliards de dollars devait permettre d’extraire 260 000 barils de pétrole par jour.

En janvier, le président directeur général de Teck Resources, Don Lindsay, avait cependant affirmé que le prix actuel du baril de pétrole pourrait faire dérailler le projet.

Dans ses prévisions de 2016, Teck Resources prévoyait un prix du baril de pétrole oscillant de 80 à 90 $ US en 2020. En ce moment, le baril de Western Canadian Select (WCS) se négocie à environ 31 $ US, alors que le West Texas Intermediate (WTI) se négocie plutôt autour de 52 $ US.

L’abandon du projet survient malgré l’annonce d’une entente visant à atténuer les effets culturels et environnementaux de la mine entre la Première Nation Chipewyanne d’Athabasca, la Première Nation crie Mikisew et le gouvernement de l’Alberta dimanche matin.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et son cabinet devaient décider du sort du mégaprojet d’ici le 28 février.

Plus de détails suivront…


En ce moment

Titre

Artiste

Background