Règlement sur les armes : les conservateurs accusent les libéraux d’opportunisme

Écrit par sur 1 mai 2020

Après l’interdiction faite vendredi par le gouvernement fédéral de posséder des armes de style militaire, les conservateurs accusent les libéraux de Justin Trudeau de profiter de la tuerie survenue en Nouvelle-Écosse ainsi que de la pandémie actuelle pour faire avancer leur programme politique.

Autant le chef démissionnaire, Andrew Scheer, que le principal candidat à la direction du Parti conservateur du Canada, Peter MacKay, ont critiqué la décision du gouvernement.

Justin Trudeau utilise la pandémie actuelle et l’émotion causée par l’horrible attaque commise en [Nouvelle-Écosse] pour promouvoir l’ordre du jour idéologique des libéraux et apporter des changements majeurs à la politique sur les armes à feu. C’est mal, a écrit M. Scheer dans un communiqué publié sur Twitter.

Au moment où tous les Canadiens pleurent encore la perte des 22 innocentes victimes de la plus grande fusillade de masse de l’histoire canadienne, en Nouvelle-Écosse, Justin Trudeau a décidé de tirer avantage de cette tragédie en annonçant sa promesse faite de longue date de changer la législation sur les armes à feu. Le moment choisi pour le faire est mal venu et dépasse l’entendement, a pour sa part déclaré M. MacKay dans une vidéo.

Andrew Scheer accuse les libéraux de ne pas respecter le rôle démocratique du Parlement en adoptant ces nouvelles mesures concernant les armes à feu de style « arme d’assaut », car celles-ci n’ont pas été débattues entre les députés après la déposition d’un projet de loi, mais ont plutôt été adoptées par voie réglementaire. Les travaux au Parlement sont ajournés jusqu’au lundi 25 mai en raison de l’épidémie de COVID-19.

Si le premier ministre a la force de ses convictions, il devrait attendre que la crise sanitaire soit terminée et présenter une mesure législative à la Chambre des communes pour qu’elle puisse être débattue et pour que la voix des Canadiens puisse être entendue.

Selon lui, les mesures annoncées par le gouvernement ne résoudront rien puisque la grande majorité des crimes armés sont commis avec des armes à feu obtenues illégalement.

Les conservateurs plaident plutôt pour un renforcement de la sécurité aux frontières pour empêcher les armes de contrebande d’entrer au pays, un meilleur plan de lutte contre les gangs et les criminels qui les exploitent, un soutien aux tribunaux et aux procureurs, ainsi que des peines plus sévères pour les contrevenants violents. Ils demandent aussi un meilleur accès aux traitements de la maladie mentale et de la toxicomanie.

Il ne faut pas punir [les propriétaires d’armes qui sont des ] citoyens honnêtes, a pour sa part conclu Peter MacKay, qualifiant la décision des libéraux d’inacceptable.

Du côté du Bloc québécois, son chef, Yves-François Blanchet, a clairement fait savoir que le gouvernement libéral avait l’appui de son parti.

Le gouvernement, avec l’appui du Bloc québécois et du Québec, qui le réclament depuis longtemps, interdit enfin les armes d’assaut qui ont arraché tant de vie et sont conçues pour tuer des humains.

Quant à la chef du Parti vert Elizabeth May, elle n’a pas commenté l’annonce avec ses propres mots, mais a plutôt retweeté le message du ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Ahmed Hussen : Les fusils comme ceux-ci n’ont pas leur place au Canada.

PolySeSouvient veut un programme de rachat obligatoire

Le groupe PolySeSouvient, constitué après la tuerie de Polytechnique en décembre 1989 et qui attendait depuis longtemps une telle annonce, dit se réjouir, mais aurait aimé une réponse plus ferme et plus forte. Le groupe demande un programme de rachat obligatoire pour s’assurer que toutes les armes d’assaut soient bel et bien retirées de la circulation au pays.

Cette décision-là, on l’attend depuis 30 ans. C’est une décision avec laquelle on est très très contents. Il était plus que temps. Ce que je souhaite c’est qu’on aille jusqu’au bout de la promesse et que ces armes-là ne puissent plus être utilisées au Canada, ne soient plus en circulation.

Mme Provost insiste pour dire que plusieurs possesseurs d’armes sont bien intentionnés, mais qu’on ignore toujours dans quelles mains certains fusils peuvent tomber.

Il peut arriver des cas de vol, il peut arriver que l’on ne va pas bien et que tout bascule dans nos vies. Et on a envie de commettre des gestes qui n’ont pas de bon sens, dit-elle.

Boufeldja Benabdallah, cofondateur du Centre culturel islamique de Québec, qui a été le théâtre d’une tuerie en janvier 2017, abonde dans le même sens. Il félicite le gouvernement Trudeau pour avoir franchi cette première étape cruciale, mais l’exhorte à ne pas reculer sur le programme de rachat obligatoire qui nous a été promis, ainsi qu’à tous les Canadiens, lors des dernières élections.

Le droit de garder ses armes

Au Québec, le militant pro-armes Guy Morin, propriétaire de AGM Sécurité et président de Tous contre un registre québécois des armes à feu, a fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de se prévaloir du programme de rachat s’il n’était pas obligatoire.

Je ne suis pas intéressé à revendre mes armes. Ce sont des biens que j’ai achetés légalement, j’ai tous les permis nécessaires pour les posséder, je n’ai absolument rien fait pour les perdre.

Selon lui, la nouvelle loi, avec cette clause grand-père , prouve par elle-même son inutilité.


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