Québec n’a pas assez de masques pour les rendre obligatoires, admet Legault

Écrit par sur 13 mai 2020

Pressé de questions par l’opposition sur sa gestion de la crise de la COVID-19 lors de la reprise des travaux à l’Assemblée nationale, François Legault a admis qu’il ne peut imposer le port du masque dans les lieux publics et les transports en commun parce que le Québec n’en dispose pas d’une quantité suffisante.

Les masques qu’on a sont d’abord pour le personnel de la santé, a déclaré sans détour le premier ministre.

Si dans les prochains jours, et on y travaille fort, on a assez de masques pour être capable d’en donner à tous ceux qui utilisent le transport en commun, bien là on pourra avoir la discussion.

Malheureusement actuellement, même si on travaille très fort, il n’y a pas la disponibilité de millions de masques qu’on aurait besoin, a ajouté M. Legault.

Plus tôt, en point de presse, les trois partis d’opposition se sont prononcés en faveur du port du masque dans les transports en commun et les lieux publics.

Si le Parti québécois et le Parti libéral sont en faveur d’une mesure obligatoire dans les transports en commun, Québec solidaire estime que la mesure s’avérerait utile, sans toutefois réclamer qu’elle soit contraignante.

Le gouvernement Legault s’est retrouvé sur la sellette à plusieurs reprises sur la question du port du masque ces dernières semaines après avoir soulevé des enjeux légaux et mis en doute l’efficacité réelle de cette mesure de protection avant de recommander fortement à tous d’en porter un, quitte à ce qu’ils le fabriquent eux-mêmes.

Ottawa ne s’en mêlera pas

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a écarté mercredi toute idée que son gouvernement impose le port du masque dans tout le pays, en faisant valoir que l’épidémie progresse différemment selon les régions du pays.

Nous devons permettre aux autorités locales et provinciales d’établir les principes et les guides nécessaires pour leurs citoyens, a-t-il dit, avant de souligner que la meilleure façon de se protéger reste de ne pas sortir de chez soi si possible, et de se tenir à 2 mètres de toute autre personne en cas de sortie à l’extérieur.

Un masque, selon les experts, peut aider, mais ne doit pas remplacer toute mesure de distanciation sociale qu’on devrait prendre en priorité, a-t-il ajouté.

Les questions se bousculent sur les bancs de l’opposition

Reprise des travaux à l’Assemblée nationale du Québec

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Les trois partis d’opposition attendaient ce retour en Chambre avec impatience après une interruption des travaux de près de deux mois.

Les travaux avaient été suspendus de façon abrupte le 17 mars dernier dans le cadre des consignes de confinement décrétées par le gouvernement Legault pour tenter d’aplanir la courbe de contagion de la COVID-19 au Québec.

Cinquante-six jours plus tard, 36 des 125 députés de la Chambre ont été autorisés à reprendre les travaux parlementaires sous condition de respecter des règles de distanciation physique strictes au salon bleu. Les députés n’ont cependant pas besoin de porter un masque puisqu’ils sont séparés par une distance de plus de deux mètres.

Les drapeaux ont également été mis en berne devant l’Assemblée nationale, à la mémoire des victimes de la pandémie.

Sur les bancs de l’opposition, les listes de questions à poser au gouvernement sont longues à la suite de ces deux mois de pandémie où les politiques de l’État qui se sont parfois transformées en valse-hésitation ont soulevé plusieurs interrogations et inquiétudes dans la population.

Tous les ministres du gouvernement de François Legault sont présents pour répondre aux questions des trois partis d’opposition à l’exception du ministre de l’Environnement, Benoit Charrette et de son collègue Lionel Carmant, ministre délégué aux services sociaux, qui sont en quarantaine après avoir fait du bénévolat dans des CHSLD.

Le premier ministre Legault n’assistera pour sa part qu’à la première des deux périodes de questions prévues aujourd’hui. C’est la vice-première ministre Geneviève Guilbault qui doit prendre la relève lors de la deuxième séance.

Appel commun à plus de transparence

C’est la nouvelle chef du Parti libéral du Québec et cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, qui a eu l’honneur de lancer les débats en interpellant le premier ministre François Legault.

Saluant le travail accompli par le gouvernement en cette période de crise, Dominique Anglade a d’entrée de jeu demandé aux caquistes de s’expliquer sur le taux de contagion et de décès qui demeure très élevé au Québec où plus de 3100 personnes ont été emportées par la COVID-19.

La cheffe de l’opposition a également relancé le gouvernement sur le fait que les Québécois attendent toujours les 14 000 tests de dépistage quotidien promis il y a plusieurs jours maintenant par les autorités de la santé publique.

Il s’agissait d’une première dans ce rôle pour Mme Angladequi est devenue officiellement chef du PLQ lundi après que l’ex-maire de Drummondville, Alexandre Cusson, se soit retiré de la course à la direction du parti, faisant de Mme Anglade la cheffe, faute d’autres candidats.

Le chef intérimaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, a lui aussi demandé plus de transparence du gouvernement en soulignant que le Québec, qui représente 23 % de la population canadienne, compte à présent 60 % des décès liés à la COVID-19.

Pour M Bérubé il est incompréhensible que le Québec soit aussi pressé de déconfiner dans une telle situation.

Tout comme leurs collègues du PQ et du PLQ, les députés solidaires ont réclamé davantage de transparence du gouvernement tout en demandant de meilleures conditions salariales et la reconnaissance du travail accompli par le personnel des CHSLD et de la santé qui sont au front chaque jour dans cette crise.

Le gouvernement a également été questionné à plusieurs reprises sur la différence entre le discours officiel et la situation réelle qui prévaut sur le terrain, notamment à savoir pourquoi des travailleurs de la santé qui soupçonnent être atteints de la COVID-19 se voient refuser des tests de dépistage alors qu’ils sont en contact quotidien avec les malades.


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