L’opposition à Québec exige un ménage dans les agences de placement en santé

Écrit par sur 1 juin 2020

Québec solidaire et le Parti québécois réclament une enquête publique sur les agences de placement en santé, dans la foulée des révélations de Radio-Canada sur l’envoi de travailleurs mal formés dans des établissements infectés par la COVID-19. Le Parti libéral dénonce le laxisme du réseau de la santé et de la CNESST.

Ces agences profitent du chaos dans le système des CHSLD, dénonce le porte-parole du Parti québécois (PQ) pour les aînés. C’est sûr, c’est très clair que ça doit faire [l’objet] d’une enquête.

Avec la pandémie, le recours aux agences a explosé dans les CHSLD, parfois au mépris des normes de sécurité dans des zones chaudes infectées.

Elles mettent à risque du monde, des personnes. Je ne comprends pas comment on en est arrivé là. […] C’est un système complètement fou.

Il y a eu un resserrement de fait, mais ce n’est pas suffisant. Il faut aller encore plus loin, il faut faire une enquête plus systémique, ajoute le porte-parole de Québec solidaire en matière d’Immigration, Andrés Fontecilla.

Les employés d’agences sont formés, assure la ministre McCann

Interrogée sur l’enquête publiée par Radio-Canada, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, a minimisé ces problématiques. Selon elle, les travailleurs ont l’obligation de ne pas changer d’établissement et de zone. Par ailleurs, a-t-elle assuré, tous les travailleurs, incluant les travailleurs d’agence reçoivent une formation en prévention des infections.

Nous fournissons également l’équipement de protection nécessaire. Les employés des agences sont aussi formés au même titre que tous les travailleurs de la santé, a-t-elle clamé, alors que de nombreux témoignages évoquent une situation différente, sur le terrain.

Une mauvaise formation

Une enquête de Radio-Canada révélait ce matin que des migrants mal formés, parfois incapables de comprendre le français, ont été envoyés par des agences en zone chaude pour décontaminer les lieux, ce qui ne s’est pas toujours bien passé.

Certaines agences se spécialisent dans le recrutement de demandeurs d’asile qui peuvent être sous-payés. En raison de leur vulnérabilité et de l’absence d’assurances collectives, certains n’ont pas osé déclarer leurs symptômes et ont continué de travailler.

Sous le couvert de l’anonymat, un gestionnaire de centre intégré de santé nous a avoué avoir fermé les yeux sur des manquements évidents à la santé et la sécurité, parce que la situation dans les CHSLD était trop critique et qu’il fallait des remplaçants à tout prix.

Ces migrants étaient ensuite déplacés dans plusieurs établissements, parfois dans la même semaine.

Des personnes vulnérables victimes de ces agences, selon des élus

Il y a un gros travail de débroussaillage de ce réseau parallèle qui s’est malheureusement créé, regrette de son côté la députée indépendante de Marie-Victorin, Catherine Fournier.

Cette dernière avait été la première élue à réclamer la régularisation du statut des demandeurs d’asile qui ont prêté main-forte en CHSLD. On profite de la vulnérabilité de ces gens-là, lance-t-elle.

Ça s’impose de faire le ménage dans le monde des agences de placement qui profitent largement de la population immigrante avec un statut précaire, reprend Andrés Fontecilla.

On sait depuis longtemps que les agences de placement profitent, exploitent des demandeurs d’asile, des personnes très vulnérables.

Du côté du Parti libéral du Québec (PLQ), on déplore une organisation qui était sur le terrain simplement inexistante.

Il y a eu un manque évident de suivi de la part des CIUSSS et un laxisme de la CNESST, au détriment des personnes vulnérables, des migrants, affirme Monsef Derraji, porte-parole du PLQ en matière d’immigration, tout en précisant qu’il y a des agences de placement qui font du bon travail.

Selon ce dernier, la baisse des seuils d’immigration décrétée par le gouvernement Legault est notamment en cause. Un an et demi plus tard, on fait face à une réalité grave. On le voit dans le réseau de la santé, mentionne-t-il.

La crise de main d’oeuvre frappe partout. Je ne veux pas que les agences soient le bouc-émissaire, paient le prix de l’incompétence du gouvernement.

Face à une pénurie de main-d’oeuvre énorme, les établissements de santé n’ont pas eu le choix, assure-t-il, de faire affaire avec des agences qui font partie intégrante du réseau.


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