L’environnement avant l’identité cet hiver pour la CAQ

Écrit par sur 1 février 2020

On voulait l’appeler le Plan d’électrification et de changements climatiques, mais on songe à lui trouver un nouveau nom. C’est qu’une fois abrégé, le titre du plan, PECC, aurait été l’homonyme d’un autre programme gouvernemental bien connu, le PEQ, ou Programme de l’expérience québécoise, qui avait plongé le gouvernement dans l’embarras l’automne dernier.

Or, le premier ministre a choisi de faire de l’environnement sa priorité et il ne veut pas échouer. François Legault a promis un plan clair, précis et chiffré, qui devrait permettre au Québec d’atteindre son objectif de réduction des gaz à effet de serre de 37,5 % sous le niveau de 1990 d’ici 2030.

Ce faisant, le gouvernement a considérablement augmenté la pression sur son ministre de l’Environnement. Le degré de nervosité est assez élevé en ce moment, confie-t-on en coulisse. Il faut livrer et livrer à temps. Ça a été une démarche de consultation très lourde, on a parlé à tout le monde, on ne peut pas décevoir.

Pour l’instant, on prévoit présenter la nouvelle politique dans les jours précédant ou suivant le dépôt du prochain budget, puisqu’on anticipe déjà que c’est l’importance des sommes d’argent qui seront consacrées à cette dernière qui feront foi de sa crédibilité. L’argent va parler, laisse-t-on clairement entendre.

On promet d’investir des sommes considérables et récurrentes pour permettre au Québec d’atteindre ses objectifs. Le budget proposerait des investissements sur cinq ans, qui devraient par la suite être reconduits pour une autre période de cinq ans, de manière à assurer le plein déploiement du plan qui sera en vigueur jusqu’en 2030.

Le transport en commun

Une grande partie du nouvel argent sera consacré à des projets d’infrastructure en transport en commun. Projets de tramways dans la grande région de Montréal et à Gatineau, prolongement du Réseau express métropolitain : on promet des sommes considérables.

Le projet de ligne rose de la mairesse Valérie Plante ne fera toutefois pas partie du lot. Le gouvernement a fait son lit et c’est celui du transport de surface, indique-t-on de source gouvernementale.

Selon le dernier inventaire des gaz à effet de serre publié en décembre dernier, le secteur des transports est responsable de 50 % des émissions québécoises, en hausse de 10 points de pourcentage depuis 1990, ce qui en fait le secteur ayant connu la plus forte hausse de ses émissions durant la période de référence.

Pour le gouvernement, les changements des habitudes de déplacement des Québécois constituent donc la clef de voûte de tout plan de lutte contre les changements climatiques. À cela s’ajoute l’importance d’accélérer la conversion du parc automobile; de nouveaux incitatifs à l’achat de véhicules électriques sont anticipés.

Des mesures précises cibleront l’industrie et le secteur agricole. On se donnera comme objectif d’augmenter l’efficacité énergétique des bâtiments et on réitérera la volonté du gouvernement de se débarrasser du mazout comme source de chauffage dans les édifices publics.

Comme on peut s’y attendre, la politique-cadre présentera la lutte contre les changements climatiques comme une occasion à saisir pour enrichir le Québec, augmenter les exportations et se positionner comme leader mondial en matière de technologies vertes.

On fera la part belle à l’innovation et au développement de nouvelles technologies, mais on n’a toutefois pas de grandes attentes quant à la capacité de ces innovations à avoir, à court terme, un effet important sur les chiffres des émissions.

Plastique et Fonds vert

En parallèle, on attend aussi le plan de réduction des gaz à effet de serre de la Ville de Montréal. De passage aux Nations unies l’automne dernier, la mairesse Valérie Plante s’est engagée à réduire de 45 % les émissions de la ville d’ici 2030.

% à l’échelle du Québec d’ici 2030, il faut que le chiffre de Montréal soit plus élevé, étant donné que les réductions sont plus difficiles à aller chercher en région”,”text”:”Si l’objectif c’est de réduire les GES de 37,5% à l’échelle du Québec d’ici 2030, il faut que le chiffre de Montréal soit plus élevé, étant donné que les réductions sont plus difficiles à aller chercher en région”}}” lang=”fr”>Si l’objectif c’est de réduire les GES de 37,5 % à l’échelle du Québec d’ici 2030, il faut que le chiffre de Montréal soit plus élevé, étant donné que les réductions sont plus difficiles à aller chercher en région, indique-t-on.

Outre la question des changements climatiques, Québec présentera une politique sur les plastiques, avec à la clef une possible interdiction des sacs à usage unique; il annoncera aussi une aide financière destinée à la modernisation des centres de tri.

L’étude des projets de loi sur la réforme du Fonds vert et la création de nouvelles aires protégées se poursuivra, tandis que la modernisation de la consigne se mettra en place.

Et question de finir l’année comme elle a commencé, une deuxième série d’annonces sur les changements climatiques est déjà prévue à l’automne, en marge de la COP 26 qui se déroulera à Glasgow. François Legault a déjà confirmé sa participation à l’événement.

Changement de cap

Lors des dernières élections, la CAQ s’était engagée à assurer la pérennité de la bourse du carbone et à maintenir les objectifs de réduction des GES fixés par le gouvernement libéral.

Le parti n’avait toutefois pas consacré une seule des 39 journées de la campagne électorale au thème de l’environnement, ce qui lui a valu les foudres des autres partis et de plusieurs groupes de la société civile.

Si on a renoncé à l’avance à obtenir l’appui des groupes environnementaux les plus revendicateurs, on espère au moins au gouvernement rallier les écologistes modérés.

C’est sûr qu’on ne pourra pas tout livrer ce qui est demandé; ce serait irréaliste, fait valoir une source bien au fait du dossier.

Quant à Dominic Champagne, on a déjà anticipé qu’il déchirerait sa carte de la Coalition avenir Québec. Le metteur en scène avait adhéré au parti le printemps dernier dans l’espoir d’en influencer les orientations, mais ses déclarations publiques des derniers mois ne laissent présager rien de bon au gouvernement.

La langue et l’immigration attendront

Conséquence des énergies qui seront consacrées au dossier de l’environnement, la présentation des nouvelles mesures visant à protéger la langue française sera repoussée plus tard au printemps, voire à l’automne. Il en va de même pour la nouvelle mouture du Programme de l’expérience québécoise en matière d’immigration.

Parler de ça cet hiver écraserait tout le reste, tous les efforts qu’on a investis dans le dossier environnemental, confie une source gouvernementale.

Après avoir entendu parler de laïcité et d’immigration durant toute l’année 2019, les Québécois devraient donc bénéficier d’un certain répit sur le front identitaire au cours des prochaines semaines et des prochains mois.

Une telle pause ne peut être que salutaire, murmure-t-on, d’autant que le gouvernement n’est pas encore entièrement fixé quant aux orientations précises qu’il compte défendre en ces matières.


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