La publication prochaine des règles de partenariats d’Alberta Parks fait sourciller

Écrit par sur 4 mai 2020

Le gouvernement s’apprête à publier, lundi, les règles régissant les partenariats entre Alberta Parks et des entreprises pour la gestion de parcs provinciaux, malgré les vives réactions suscitées par l’annonce de cette privatisation en mars.

« La résistance des Albertains à cette idée est sans précédent », soutient Katie Willis, de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP). « Le fait que le gouvernement les ignore est incroyable. »

L’intention du gouvernement annoncée par le ministre provincial de l’Environnement, Jason Nixon, est de fermer en tout ou en partie une vingtaine de parcs provinciaux et de confier la gestion de 164 autres sites à des tiers.

Ceux d’entre eux qui ne trouveront pas preneur perdront leur statut de parc provincial et redeviendront de simples biens de la Couronne qui peuvent être vendus au besoin.

En tout, la province cherche ainsi à revoir l’administration de 16 000 hectares de terres qui, bien que d’une superficie réduite en comparaison aux autres parcs, comptent pour le tiers du nombre de parcs gérés par l’Alberta.

Les troupes de Jason Kenney espèrent ainsi économiser environ 5 millions de dollars par année.

Pétitions et lettres d’opposition

Alors qu’une pétition en ligne compte déjà plus de 8000 signatures, au moins 5000 Albertains auraient écrit au ministre Nixon, soutient la SNAP.

Katie Willis ajoute que quelques centaines de personnes ont également participé à des rencontres d’informations et à des manifestations en ligne, COVID-19 oblige, dont des environnementalistes, des chasseurs et des pêcheurs.

Des commerçants d’équipement de plein air ont également fait savoir leurs préoccupations. « Des centaines de commerces de l’Alberta dépendent des retombées économiques des parcs provinciaux et des espaces naturels », soutiennent-ils dans une lettre ouverte.

« Nous implorons le gouvernement de revoir cette décision et de lancer des consultations publiques de bonne foi », poursuivent-ils.

Du côté des municipalités rurales de la province, le président de l’association, Al Kemmere se dit rassuré après une rencontre avec le ministre Jason Nixon, mais ses membres demandent qu’on leur garantisse l’absence d’impact de ce changement sur leur budget.

« Aucun signe » de changement d’idée

Bien que le gouvernement soutienne faire privatiser la gestion pour économiser, permettre la modernisation des parcs et orienter ses investissements vers parcs les plus représentatifs de la nature albertaine, ses détracteurs déplorent son refus de discuter du projet.

« Je suis incapable de parler de collégialité ici », souligne le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement, Marlin Schmidt.

Le député néo-démocrate soutient qu’à l’exception de la pandémie, aucun enjeu n’a suscité plus de réactions de la part des Albertains que le changement au régime des parcs.

« Et le gouvernement ne donne aucun signe de réflexion ou de réorientation », précise-t-il. Il croit que les Albertains devraient être consultés.

Selon Katie Willis, le gouvernement a également adouci ses règles de consultation concernant les parcs en février.

Intérêt municipal

Si elles ne veulent pas que le changement de régime ait d’effet direct sur leur budget, certaines municipalités lorgnent tout de même la prise en charge de parcs s’ils rapportent suffisamment pour, au moins, fonctionner à coût nul.

« Ça dépend de la valeur que leur accorde le gouvernement et s’il a l’intention d’y investir. Ce qu’on espère, c’est que ça ne devienne pas un moyen de renvoyer la facture d’un ordre de gouvernement à un autre », s’inquiète Al Kemmere.

Malgré tout, une gestion en partenariat peut être bénéfique, admet Katie Willis, qui croit cependant que le public devrait avoir son mot à dire quant au statut des parcs.

Même si le ministre Nixon affirme ne pas vouloir vendre les parcs déchus au terme de l’appel d’offres, Mme Willis dit y croire « seulement à court terme », car « ce gouvernement a clairement fait savoir qu’il est prêt à vendre des terres de la Couronne ».


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