Des travailleurs ontariens attendent toujours leur « prime COVID-19 »

Écrit par sur 27 mai 2020

Un mois après l’annonce du gouvernement de Doug Ford, la prime salariale de 4 $ l’heure qui devait être accordée durant la pandémie aux travailleurs de la santé et des services sociaux de première ligne se fait toujours attendre.

Les employés admissibles, incluant les infirmières, les ambulanciers, les préposés aux soins et les agents correctionnels, qui travaillent plus de 100 heures par mois doivent aussi recevoir un paiement forfaitaire de 250 $.

C’est pesant travailler en ce moment. C’est un environnement qui n’est pas comme d’habitude, même si on sait travailler dans le stress, affirme Francis Lortie, ambulancier paramédical dans les comtés de Prescott et Russell, dans l’Est ontarien.

Il affirme que ses collègues et lui ont hâte de pouvoir toucher cette prime promise par le gouvernement Ford.

Le gouvernement, le système de santé, ce n’est pas quelque chose qui bouge aussi vite que les paramédics.

Michelle Caron-Héroux est infirmière dans un hôpital d’Ottawa et travaille également dans une clinique de dépistage de la COVID-19. Elle souligne que certains aides-soignants et préposés aux bénéficiaires en Ontario gagnent à peine le salaire minimum.

Je pense surtout aux autres travailleurs qui sont moins bien rémunérés et dont le risque est plus élevé, dit-elle.

Michelle Caron-Héroux est infirmière dans une clinique de dépistage de la COVID-19 à Ottawa.

Photo : Michelle Caron-Héroux

Des syndicats avaient déjà réclamé de meilleurs salaires pour les travailleurs de la santé, notamment dans les centres de soins de longue durée, même avant la crise sanitaire.

Ils travaillent dans des circonstances extrêmement difficiles en ce moment et cette prime était une lueur d’espoir pour eux, mais ça traîne, affirme Tim Deekstra des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC).

Certains employeurs, dont des centres de soins de longue durée, ont débloqué des sommes afin d’augmenter la rémunération de leurs employés, en attendant de recevoir le financement de la province prévu à cet effet.

Des milliers d’agences bénéficiaires

La ministre de la Santé, Christine Elliott, a affirmé mardi que le financement sera remis aux employeurs la semaine prochaine. Les primes pourront ensuite être ajoutées à la paie des travailleurs de première ligne.

Je sais qu’ils ont eu à attendre un peu plus longtemps que prévu. Mais c’est en raison du nombre considérable d’agences et d’ententes de paiements de transfert qui ont dû être conclues, a expliqué la ministre en période de questions à Queen’s Park.

Christine Elliott, ministre de la Santé de l’Ontario

Photo : Radio-Canada

Jeudi dernier, le premier ministre Doug Ford avait affirmé lors de son point de presse quotidien que le financement serait distribué cette semaine.

Le bureau du président du Conseil du trésor, qui est responsable du paiement des services publics, affirme que l’échéancier pourrait encore devoir s’étirer. Dans certains cas, le financement devra d’abord passer par les municipalités avant d’être transféré aux employeurs.

Nous transférons les fonds aux employeurs le plus rapidement possible et nous accélérons le travail requis pour que cet argent figure prochainement sur le chèque de paie de ces travailleurs essentiels, affirme un porte-parole.

Le gouvernement rappelle que les primes sont rétroactives au 24 avril dernier.

Un lourd processus dénoncé

La porte-parole de l’opposition néo-démocrate en matière de santé, France Gélinas, salue l’initiative du gouvernement Ford, mais critique vivement sa mise en oeuvre.

On a un ministre pour réduire le red tape en Ontario, mais quand le gouvernement met en place une prime pour la pandémie, il utilise le moyen le plus complexe, le plus lent.

Elle prône plutôt un versement direct aux employés admissibles. D’autres provinces ont choisi un système beaucoup plus simple où le gouvernement envoie le chèque directement à la personne, affirme la députée.

Dans une lettre ouverte, une dizaine d’associations du milieu de la santé et des services sociaux ont demandé au gouvernement de clarifier les détails et l’échéancier du déploiement des primes salariales.

On se fait poser la question régulièrement par nos employés. On attend la directive du ministère, affirme le directeur des services d’urgence des Comtés unis de Prescott et Russell, Marc-André Périard.

Je pense que tous les petits détails et les questions qui viennent avec cette annonce-là n’ont pas été définis encore, dit-il.


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