Manifestations autochtones : où est le fédéral?

Écrit par sur 14 février 2020

Les effets des manifestations contre le projet de gazoduc Coastal GasLink s’amplifient, avec l’interruption du service de VIA Rail partout au pays. La pression pour qu’Ottawa s’en mêle aussi.

On commence peut-être à voir l’ombre d’un plan de sortie de crise maintenant que des discussions seraient sur le point de reprendre.

Depuis le début de la semaine, on avait surtout assisté à une partie de balle, que politiciens fédéraux et provinciaux essayaient de se renvoyer. Dans les dossiers autochtones, ce n’est pas la première fois que les deux ordres de gouvernements se disputent sur la question de savoir qui a l’autorité d’agir, avec des conséquences parfois malheureuses.

Avant l’arrêt Jordan, qui fixe un maximum de temps pour entendre des causes devant les tribunaux, la Chambre des communes avait adopté, il y a plus de 10 ans, le principe de Jordan.

Il faut parler de ce Jordan-là au passé. Jordan River Anderson était un enfant autochtone handicapé. Les gouvernements fédéral et manitobain n’étaient pas parvenus à s’entendre sur celui qui paierait ses soins à domicile. L’enfant est resté à l’hôpital jusqu’à sa mort à l’âge de 5 ans.

Se lancer la balle ne réglera aucun problème. Même si, dans le cas des manifestations autochtones, il y a quand même lieu de savoir, en principe, qui est responsable de quoi.

Qui fait quoi?

Si le projet gazoduc Coastal GasLink chevauchait une frontière interprovinciale, le gouvernement fédéral aurait été clairement interpellé.

Mais le tracé de 670 kilomètres est exclusivement en Colombie-Britannique. Le projet est donc dans la cour du premier ministre John Horgan.

Mais comme des passagers de trains l’ont appris à leurs dépens, l’opposition au gazoduc, elle, dépasse les frontières de la province.

Plus tôt cette semaine, le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, indiquait que lorsque les compagnies de trains obtiennent des injonctions, la compétence d’agir revient aux provinces et non à Ottawa.

Le lendemain, il précisait tout de même que les forces policières dans notre pays agissent de manière complètement indépendante de tous les niveaux de gouvernement.

Pourquoi alors le gouvernement fédéral devrait-il s’en mêler? Lui qui veut promouvoir la réconciliation avec les peuples autochtones plutôt que l’affrontement. Eh bien, justement pour ça.

Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, Justin Trudeau a voulu donner le ton. Il s’est engagé à être un partenaire des Premières Nations. Il n’a pas à plier, mais il doit aussi être là quand il y a des blocages sur la voie de la réconciliation.

Et, politiquement, le gouvernement Trudeau ne peut pas se défiler.

Même si la pause parlementaire cette semaine a limité la pression exercée par les partis d’opposition, ils font tout de même entendre leurs reproches, notamment sur les médias sociaux.

Prétendre que le gouvernement fédéral n’a pas de rôle à jouer est un échec de leadership, a tweeté le chef néo-démocrate Jagmeet Singh cette semaine.

Le Bloc québécois réclame aussi qu’Ottawa prenne ses responsabilités afin de désamorcer la crise.

Et à la manière du Parti conservateur, le chef Andrew Scheer reproche à Justin Trudeau d’avoir peur de dénoncer les barrages : ILLÉGAUX”,”text”:”pour ce qu’ils sont: ILLÉGAUX”}}” lang=”fr”>pour ce qu’ils sont : ILLÉGAUX.

Si le gouvernement fédéral a d’abord voulu jouer un rôle en coulisse, il se rend sûrement compte qu’il doit montrer qu’il cherche une solution à la crise.

Par exemple, le ministre des Services aux Autochtones, Marc Miller, a envoyé discrètement un courriel à des chefs pour leur indiquer qu’il était prêt à les rencontrer samedi au sujet de la situation à Tyendinaga, ce territoire mohawk en Ontario où des manifestations ont entraîné l’annulation de dizaines et de dizaines de trains.

Le lendemain, le ministre publiait sa lettre sur sa page Facebook.

La ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, elle, va participer à une rencontre du gouvernement de la Colombie-Britannique avec les chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en.

Le bureau du premier ministre s’est assuré qu’on le sache.

Ça ressemble à un début de tentative pour désamorcer la crise. Impossible de savoir si cela permettra d’apaiser complètement les esprits. Mais parler aux Autochtones concernés est une stratégie sûrement plus prometteuse que de débattre entre ordres de gouvernement au sujet de celui qui devrait s’en charger.


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