Les libéraux ontariens tentent de tourner la page

Écrit par sur 6 mars 2020

Des libéraux de partout dans la province convergeront vers Mississauga en banlieue de Toronto dès vendredi pour assister au congrès à la direction du Parti libéral de l’Ontario.

Le Parti libéral de l’Ontario doit élire un chef pour succéder à Kathleen Wynne, qui a démissionné après une défaite écrasante aux élections provinciales de juin 2018.

Depuis, c’est le député John Fraser qui assure l’intérim. Kathleen Wynne est demeurée députée.

Les candidats

Six candidats, dont les anciens ministres du gouvernement Wynne, Steven Del Duca, Michael Coteau et Mitzie Hunter, sont de la course.

Trois nouveaux visages tentent leur chance : Kate Graham, Alvin Tedjo et Brenda Hollingsworth.

Les délégués devront donc décider si l’expérience dans le précédent gouvernement est un atout ou un handicap pour les candidats, selon la politologue Stéphanie Chouinard du Collège militaire royal du Canada.

Lorsqu’on choisit un nouveau ou une nouvelle chef, on doit faire le choix entre quelqu’un qui a de l’expérience, […] des gens qui connaissent le fonctionnement du système, qui savent comment ça se passe à Queen’s Park, mais qui sont marqués par l’ancien régime. Et des nouveaux visages qui vont amener du sang neuf, mais qui ont un plus grand risque de faire des erreurs de parcours après leur sélection comme chef.

Le meneur

L’ex-ministre libéral Steven Del Duca

Photo : La Presse canadienne / Chris Young

Steven Del Duca s’est imposé comme le meneur de la course. Cet ancien ministre des Transports de l’Ontario a le soutien de 1173 délégués sur les 2724 qui ont droit de vote.

Son total dépasse de loin celui de son plus proche rival, l’ancien ministre des Services sociaux Michael Coteau, qui a l’appui de 371 délégués.

L’ancienne candidate du parti, Kate Graham, est troisième avec 273 délégués, tandis que l’ancienne ministre de l’Éducation, Mitzie Hunter, jouit de l’appui de 130 délégués.

Un autre ex-candidat, Alvin Tedjo, reçoit le soutien de 72 délégués, alors que l’avocate Brenda Hollingsworth, d’Ottawa, est soutenue par 25 délégués.

Système de délégués

Le Parti libéral de l’Ontario utilise un système fondé sur le vote des délégués. Ceux-ci ont été élus au cours des dernières semaines.

Ces délégués sont tenus de voter pour le candidat pour lequel ils ont été choisis lors du premier tour. Ils sont libres de voter à leur guise pour les tours suivants, si d’autres tours sont nécessaires.

Des délégués d’office, comme d’anciens députés ou des présidents d’association de comtés, sont aussi admissibles aux votes et peuvent voter selon leur préférence dès le premier tour.

Pour l’emporter, il faut obtenir la majorité absolue.

Les congrès des délégués sont donc de grands et spectaculaires événements qui peuvent créer des surprises, mais ils ont perdu la faveur de la plupart des autres partis politiques, y compris celle des libéraux fédéraux.

Kathleen Wynne lorsqu’elle a pris les rênes de l’Ontario.

Photo : Nathan Denette

En 2013, Kathleen Wynne était deuxième derrière Sandra Pupatello dès le premier tour. Elle l’a finalement remporté au troisième tour.

En 1996, il a fallu environ 15 heures pour que Dalton McGuinty soit finalement choisi chef du Parti libéral de l’Ontario.

Mais cette fois, l’avance de Steven Del Duca est significative. Il pourrait l’emporter dès le premier tour s’il parvient à rallier suffisamment de délégués.

Lorsqu’on a des votes à plusieurs tours, parfois si on se rend au deuxième, troisième, quatrième tour, ça peut amener des gagnants ou des gagnantes qui surprennent un peu les observateurs. Par contre, cette fois-ci, l’avance de M. Del Duca est tellement forte parmi les délégués qu’on attend samedi. J’ai l’impression qu’il n’y aura peut-être même pas de deuxième tour.

Une course sans passion

La course à la direction du Parti libéral n’aura pas suscité les passions ou montré de grandes différences de visions pour l’Ontario. À preuve, le parti comptait 43 000 membres après la dernière élection. Il en compte maintenant 38 000 au terme de la course.

Le parti tente toujours de se relever de sa cuisante défaite de 2018. Après 15 ans au pouvoir, les libéraux se sont retrouvés avec 7 sièges aux dernières élections. Après une série de départs et d’arrivées, ils en comptent maintenant 8.

Les défis seront énormes pour le futur chef. Le parti doit renflouer ses coffres, recruter des bénévoles, préparer l’organisation de la prochaine campagne et proposer des idées qui sauront rejoindre les Ontariens.

Les libéraux pensent que l’élection d’un nouveau chef permettra d’unifier les membres et d’entamer ce travail de reconstruction.

La marque libérale est importante au Canada et en Ontario. Lors de la dernière élection, c’était un grand problème pour le parti, mais nous ne sommes pas morts.

Les libéraux sont attendus par leurs adversaires

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford

Photo : La Presse canadienne / Cole Burston

Les libéraux n’ont peut-être pas de statut officiel à l’Assemblée législative, mais les progressistes-conservateurs de Doug Ford les voient comme leurs vrais adversaires.

Lors du congrès conservateur à Niagara Falls il y a deux semaines, le premier ministre Doug Ford a attaqué à plusieurs reprises les libéraux dans son discours, mentionnant à peine le NPD qui est pourtant l’opposition officielle en Ontario.

La campagne électorale de 2022 commence aujourd’hui, elle commence maintenant, a-t-il déclaré.

Les gens que nous affrontons sont les mêmes qui ont plongé cette province dans un gouffre, les mêmes qui ont augmenté les impôts, qui ont fait des manigances avec leurs amis […] Ce sont les mêmes personnes qui se présentent à la direction du Parti libéral.

La chef du NPD Andrea Horwath croit que l’élection d’un nouveau chef permettra de mettre en lumière les comportements passés des libéraux.


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