Le déficit fédéral s’alourdit à 260 milliards de dollars, selon le DPB

Écrit par sur 27 mai 2020

L’organe de surveillance des dépenses du Parlement indique que le déficit fédéral estimé pour l’année aurait déjà atteint 260 milliards de dollars, ce qui laisse peu de munitions à Ottawa pour stimuler la relance économique.

Le directeur parlementaire du budget (DPB), Yves Giroux, avait précédemment estimé le déficit fédéral à 252,1 milliards de dollars pour l’exercice, en raison d’une forte augmentation des dépenses d’aide d’urgence et d’une baisse de l’activité économique relativement à la pandémie de COVID-19.

S’adressant à un comité sénatorial, M. Giroux a déclaré que le gouvernement avait ajouté environ 7,6 milliards de dollars de dépenses depuis son dernier rapport.

Yves Giroux a déclaré qu’un tel rythme de dépenses ne serait pas soutenable plus de quelques années. Il a ajouté que l’aide d’urgence doit avoir une échéance, sans quoi on se dirige vers des niveaux d’imposition jamais vus depuis des générations dans ce pays.

Les finances fédérales pourraient bénéficier des revenus liés à une reprise de l’économie afin de réduire le déficit, ce que M. Giroux croit possible, tout en retrouvant un équilibre budgétaire ou en s’en approchant.

Le hic, c’est que pour propulser la reprise économique, comme l’a fait remarquer Yves Giroux, il faudra stimuler le marché par des dépenses publiques, alors que de nombreuses entreprises ont déjà signalé qu’elles ne survivraient pas à la pandémie.

Ces dépenses vont devoir être très bien ciblées, note le directeur parlementaire du budget, car il ne reste plus beaucoup de munitions sans basculer vers un important déficit structurel.

Les dépenses fédérales ont déjà atteint 151,7 milliards de dollars, y compris 40,33 milliards distribués à 8,21 millions de personnes par l’entremise de la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Une autre somme de 5,7 milliards a été distribuée par le programme de subvention salariale, selon les plus récentes données publiées en ligne.

Le NPD s’est appuyé sur l’exemple de la PCU, qui verse 2000 $ par mois aux bénéficiaires, pour démontrer l’utilité d’implanter un système de revenu de base. Une mesure que le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a évaluée comme potentiellement plus efficace pour affronter les sursauts de l’économie, au moment où la politique monétaire de la banque n’a plus de marge de manœuvre pour jouer ce rôle.

S’il y a une leçon à apprendre, c’est que la souplesse de ces politiques fiscales est très intéressante, agissant comme un stabilisateur automatique, a affirmé Stephen Poloz devant le même comité des Communes, mardi.

Yves Giroux croit qu’un revenu de base aurait grandement réduit le besoin de recourir à la PCU, mais n’aurait pas comblé le besoin de la subvention salariale.

La dernière évaluation du directeur parlementaire du budget concernant le programme de revenu de base chiffrait la dépense à un montant de 76 à 86 milliards de dollars par année. Une mise à jour est prévue dans les prochaines semaines.

Un revenu de base rendrait inutiles de nombreux programmes fédéraux, ce qui entraînerait des économies, mais le manque à gagner nécessiterait malgré tout une dépense nette de plusieurs milliards de dollars.

La Banque du Canada n’a pas dévoilé ses prévisions économiques en raison de l’incertitude qui plane toujours autour de la pandémie.

Stephen Poloz a soutenu devant le comité que le scénario optimiste demeure accessible. Selon lui, la demande latente devrait favoriser une reprise robuste, même si certains secteurs de l’économie, comme le voyage, font face à de graves difficultés financières.

Yves Giroux croit que le gouvernement fédéral pourrait lui aussi déterminer des scénarios prévisionnels optimistes et pessimistes. Il presse les libéraux de déposer rapidement une mise à jour économique.

M. Giroux a indiqué que son bureau mettra à jour ses évaluations des finances fédérales, y compris le déficit et la dette, au cours du mois de juin.

Il a également dit que les analystes du DPB en étaient aux premières étapes de l’étude de l’impact potentiel sur les finances fédérales des emprunts supplémentaires des sociétés d’État pendant la pandémie.


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