Le décompte avant le rapatriement des Canadiens à Wuhan a commencé

Écrit par sur 4 février 2020

L’avion affrété par le gouvernement Trudeau pour rapatrier des Canadiens coincés en Chine en raison de l’épidémie de coronavirus devrait partir de Wuhan mercredi soir et arriver à la base de Trenton jeudi matin.

C’est ce qu’indique Affaires mondiales Canada dans une note envoyée aux Canadiens qui se sont enregistrés auprès du gouvernement pour quitter la région de Wuhan, placée en quarantaine depuis une dizaine de jours.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a cependant précisé mardi matin qu’Ottawa attend toujours le feu vert des autorités chinoises pour que l’avion puisse atterrir à Wuhan.

On espère demain, après-demain, dans les journées à venir. On est en train de travailler avec la Chine sur les étapes requises pour assurer la sécurité de tout le monde.

Affaires mondiales Canada a aussi indiqué que toutes les informations données aux Canadiens à Wuhan sont sujettes à changement, Pékin n’ayant pas donné son approbation finale.

Selon les informations données lundi par le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, 304 personnes désirent quitter la région, mais seules 280 d’entre elles possèdent un passeport canadien.

Ottawa n’a pas dévoilé la capacité exacte de l’avion affrété, mais le premier ministre Trudeau a confirmé qu’elle pourrait ne pas être suffisante.

En ce moment, il y a plus de Canadiens qui veulent être évacués qu’il y a de places dans l’avion. C’est pourquoi nous avons pris une option sur un second avion, a-t-il déclaré.

Cependant, l’expérience des autres pays a démontré que, parfois, des gens qui veulent [partir] ne sont pas en mesure de se rendre à l’aéroport, a-t-il ajouté. La décision d’envoyer ou non un second avion sera donc prise ultérieurement.

Une opération empreinte d’incertitudes

La note envoyée aux Canadiens à Wuhan indique pour l’instant qu’ils doivent se rendre à l’aéroport international Tianhe de Wuhan mercredi à 23 h, heure locale, en vue d’un décollage tôt le matin du jeudi 6 février.

Avec le décalage horaire, l’avion devrait arriver à la base militaire de Trenton, en Ontario, le matin du 6 février, heure locale.

En raison de la demande et les restrictions associées à ce vol, nous ne pouvons garantir que toutes personnes qui sont admissibles à une place seront en mesure de monter à bord de l’avion, indique la version française de la note, bourrée de fautes. Vous devriez faire des plans pour l’éventualité que vous n’êtes pas en mesure de monter à bord de l’avion, peut-on lire.

Les passagers devront présenter un passeport valide contenant un visa chinois valide pour monter à bord.

Affaires mondiales Canada a affirmé lundi que les résidents permanents du Canada ne seront admis à bord que s’ils sont les seuls adultes en mesure d’accompagner un enfant. Certaines familles pourraient ainsi être séparées.

La note envoyée aux Canadiens coincés dans la région de Wuhan révèle par ailleurs la part d’incertitude qui entoure cette opération. Elle souligne par exemple qu’ils doivent se rendre à l’aéroport par leurs propres moyens, ce qui pourrait constituer un défi pour ceux et celles qui se trouvent loin de l’aéroport, comme la Montréalaise Meghan Millward.

Affaires mondiales Canada a fourni aux Canadiens touchés une lettre qui doit leur permettre de franchir des points de contrôle établis sur les routes. L’un d’eux devrait se trouver à environ 3 km de l’aéroport, précise le ministère. La note comprend tout de même un numéro de téléphone qu’ils peuvent utiliser si jamais ils se trouvent bloqués à l’un de ces points de contrôle.

Veuillez noter que nous nous attendons à un volume élevé d’appels concernant ce vol, peut-on y lire. Si nous n’arrivons pas [à] répondre à votre appel immédiatement, veuillez rappeler un peu plus tard.

Les Canadiens visés sont d’ailleurs invités à fournir de nombreux renseignements sur la façon dont ils comptent se rendre à l’aéroport au ministère des Affaires étrangères. Des représentants du gouvernement canadien seront à l’aéroport, précise encore la note, avant de prévenir tout un chacun que des retards sont attendus.

L’enregistrement sera considérablement différent de celui auquel vous êtes habitués. Nous demandons votre compréhension et votre patience, indique le message.

Les conditions de vol s’annoncent spartiates : aucune nourriture ne sera admise à bord, les passagers devront se limiter à un bagage de cabine et les enfants de moins de deux ans devront être assis sur les genoux d’un parent.

Tel qu’annoncé hier, les Canadiens qui voudront monter à bord de l’avion devront se soumettre à un test de dépistage et à un contrôle d’immigration de la part des autorités chinoises. Ils subiront un autre test de dépistage des autorités canadiennes par la suite. Les voyageurs qui ont des symptômes de coronavirus ne seront pas autorisés à bord de l’avion, rappelle-t-on.

Du personnel médical canadien sera aussi présent à bord de l’appareil pour évaluer la santé des passagers pendant le vol.

Affaires mondiales Canada rappelle enfin que tous les Canadiens qui seront rapatriés devront demeurer pendant 14 jours à la base de Trenton, où des évaluations de santé seront effectuées périodiquement. Les visites des amis et des familles ne seront pas permises pendant cette période, prévient la note.

Situation frustrante pour une Canadienne

En entrevue à Tout un matin, mardi, la Montréalaise Meghan Millward n’a pas caché sa frustration face à la perspective que son mari Lie Zhang, un résident permanent du Canada d’origine chinoise, ne puisse embarquer dans l’avion avec elle et leurs deux enfants de 2 et 6 ans.

Au bureau des affaires étrangères de la province de Hubei, ils ont dit qu’ils laisseront partir tous ceux qui sont sur la liste que le Canada rédige, a-t-elle déclaré, en soulignant que cette version ne correspond pas aux plus récentes informations fournies par Affaires mondiales Canada.

Alors, je ne sais pas qui ment, qui n’a pas compris. Mais on a deux informations très différentes, et c’est extrêmement stressant, affirme Mme Millward.

La situation est d’autant plus confuse que le ministre Champagne a laissé entendre que des cas comme celui de M. Lie ne devraient pas poser de problème, avant que le ministère ne précise que seuls les résidents permanents accompagnant des enfants n’ayant aucun autre parent canadien pourraient embarquer.

On a insisté sur le concept d’unité familiale, avait dit le ministre Champagne. Ce qu’on a demandé aux autorités chinoises, c’est de préserver cette unité familiale. Et on a obtenu confirmation des autorités chinoises que l’unité familiale serait préservée.

Selon Mme Millward, des résidents permanents d’autres pays, comme le Royaume-Uni ou la Malaisie, ont réussi à embarquer dans des avions affrétés par ces deux gouvernements, même s’ils ne répondaient pas aux critères énoncés par Affaires mondiales Canada.

La Montréalaise affirme qu’elle va tenter de se rendre à l’aéroport avec la voiture que sa famille a louée. Rendu sur place, le couple compte plaider sa cause auprès des autorités locales, afin que M. Lie puisse prendra l’avion.

Mme Millward souligne que son mari est prêt à voyager avec sa fille de 6 ans sur ses genoux, comme elle le ferait avec son garçon de 2 ans, de sorte que la famille occuperait dans tous les cas deux places dans l’avion.


En ce moment

Titre

Artiste

Background