« La bataille n’est pas gagnée à Montréal », constate Legault

Écrit par sur 30 avril 2020

Le déconfinement de la région métropolitaine tel que présenté cette semaine est loin d’être acquis, à en croire le premier ministre.

Les Montréalais doivent continuer de suivre les recommandations de la santé publique s’ils souhaitent pouvoir assister à la réouverture annoncée des écoles, des garderies et des entreprises. Car la bataille contre la COVID-19 est encore loin d’être gagnée dans la métropole, a rappelé François Legault, jeudi.

Le gouvernement a encore le temps de changer d’avis d’ici la réouverture des commerces, des chantiers et des usines, le 11 mai, et celle des écoles primaires, le 19 mai, a-t-il rappelé. Surtout si la population commence à interpréter ces gestes comme un signe que la crise de la COVID-19 est bel et bien terminée.

Elle ne l’est pas – du moins, pas dans la métropole, constate François Legault, qui a répété que malgré le déconfinement progressif du Québec, l’interdiction de rassemblements demeurait en vigueur partout sur le territoire.

Au-delà de l’interprétation des lois, on n’en veut pas de rassemblements, avec vos voisins, vos amis, votre famille.

La situation a beau être stable, elle demeure critique dans les établissements pour aînés, a reconnu le premier ministre lors de sa conférence de presse quotidienne. Et c’est encore plus vrai dans le Grand Montréal.

C’est certain qu’il va continuer d’y avoir beaucoup de décès, malheureusement, dans les prochains jours, les prochaines semaines, a-t-il admis, sans faire de projections.

Pour tenter de juguler la crise dans ces habitations, son gouvernement a déjà mis un terme aux transferts de patients des centres hospitaliers vers les CHSLD, et limité l’inverse. Or, plusieurs hôpitaux montréalais, comme HMR, Sacré-Cœur, Lakeshore et l’Institut Douglas, doivent maintenant composer avec des éclosions.

Le gouvernement Legault pense donc avoir trouvé une solution : la création de zones tampons. Déjà, des hôtels, comme celui de la Place Dupuis, ont commencé à accueillir des résidents âgés ayant contracté la COVID-19 ou qui pourraient être contaminés. Cette façon de faire permettra aux hôpitaux de reprendre le contrôle, estime le premier ministre.

Une nouvelle clinique de dépistage doit également ouvrir vendredi à Montréal-Nord pour les personnes éprouvant ou non des symptômes, a-t-il souligné. Cet arrondissement, où vivent de nombreuses femmes racisées travaillant comme préposée aux bénéficiaires et comme infirmière auxiliaire, est devenu l’épicentre de la pandémie au Canada.

Concernant la fraude alléguée de 45 M$ pour l’achat de masques N95 qui n’auraient jamais existé, M. Legault a déclaré qu’il avait bon espoir de voir le CHU de Québec récupérer la somme, soulignant que celle-ci avait été gelée par le tribunal. Aucun autre cas de fraude reliée à de l’équipement médical ne lui a été rapporté depuis le début de la pandémie, dit-il.

Le premier ministre a finalement tenu à rappeler l’indépendance dont jouit le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, affirmant qu’il n’avait pas d’influence indue sur lui. Je suis docile; je l’écoute comme si c’était ma mère, a-t-il déclaré, reprenant ainsi le qualificatif pour lequel la ministre Geneviève Guilbault a dû s’amender, mercredi.

Le Québec se rapproche des 2000 décès

La santé publique a fait état jeudi de 98 nouvelles victimes du nouveau coronavirus – dont 92 dans le réseau des établissements pour aînés –, ce qui porte le total à 1859 morts depuis le début de la crise. On compte en outre 27 538 cas confirmés.

À l’heure actuelle, 1684 Québécois sont hospitalisés, dont 214 aux soins intensifs, en raison de la COVID-19.

Enfin, 6299 personnes s’en sont rétablies.

En marge du processus de déconfinement, la pression se fait de plus en plus forte sur le gouvernement – et sur le Dr Arruda – pour qu’il assure un meilleur dépistage du virus, en augmentant sensiblement le nombre de tests effectués dans la population.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

À ce jour, le Québec effectué 214 047 tests, mais ce total devrait bientôt grimper beaucoup plus vite, a rappelé le Dr Arruda, qui souhaite pouvoir réaliser à compter de la semaine prochaine près de 15 000 tests par jour – un nombre qui pourrait doubler par la suite.

Le premier ministre maintient toutefois qu’à 25 000 tests par million d’habitants, le Québec demeure en tête des nations les plus efficaces en la matière, devant l’Ontario, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.

L’état d’urgence reconduit

Le Cabinet de François Legault a par ailleurs prolongé mercredi l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 6 mai. Cette mesure exceptionnelle, utilisée pour la première dans l’histoire du Québec, est en vigueur depuis la mi-mars.

L’état d’urgence devait d’abord durer une dizaine de jours, mais il a été renouvelée depuis, chaque fois pour des périodes de 10 jours. Il permet notamment au gouvernement d’effectuer des achats sans appel d’offres et donne plus de pouvoirs à la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann.

Cette dernière était absente, jeudi. Elle a toutefois annoncé par communiqué qu’une aide d’urgence de 3 M$ sera versée aux ressources communautaires ou privées offrant de l’hébergement en dépendance, qui doivent composer avec des besoins financiers supplémentaires en cette période exceptionnelle.

Le « trio gouvernemental » – composé du premier ministre, de Mme McCann et du Dr Arruda – n’a pas convoqué les journalistes parlementaires, vendredi. À moins qu’ils ne changent d’idée, ce sera la première fois que la conférence de presse quotidienne fait relâche un jour de semaine depuis le début de la crise.


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