COVID-19 : impacts grandissants pour les municipalités

Écrit par sur 19 avril 2020

Les municipalités d’un bout à l’autre du pays doivent continuer d’offrir des services essentiels alors que leurs revenus dégringolent. Des petites villes s’inquiètent d’un éventuel manque de liquidité et se désolent d’être impuissantes devant le ralentissement économique qui fragilise leur région. Portrait de la gestion de crise des gouvernements locaux.

La Ville de Toronto estime déjà que la pandémie lui coûtera au moins 1,5 milliard $, ce qui risque d’affecter les opérations municipales. Toutes proportions gardées, la crise de la COVID-19 frappe aussi durement les municipalités canadiennes de plus petite taille.

À une soixantaine de kilomètres à l’est de la métropole, la municipalité d’Halton Hills peine encore à estimer l’ampleur de ses pertes financières alors qu’elles se multiplient chaque semaine.

La situation continue de se détériorer, nous ne pouvons donc pas encore parler de la manière dont nous nous en sortirons.

Vicki-May Hamm est la présidente sortante de la Fédération canadienne des municipalités.

Photo : Soumise : Vicki-May Hamm

Bon nombre de villes repoussent les délais de paiements d’impôts fonciers et annulent les frais de retard. Quand la mesure a gagné en popularité, la mairesse de Magog, en Estrie, s’en est inquiétée.

Je me suis dit que les très petites municipalités vont peut-être frapper un mur sur le plan de la liquidité. C’est sûr que ce sera à géométrie variable, mais ça va être difficile pour tout le monde et on ne peut pas, dans la situation actuelle, dire qu’on monte les taxes à tout le monde l’année prochaine.

Près du quart des résidents de Magog se sont prévalus de ce privilège.

En plus du report des paiements, les revenus tirés des impôts fonciers pourraient aussi carrément diminuer. C’est le cas à Prince George, dans le nord de la Colombie-Britannique où les élus pourraient approuver lundi soir une réduction du taux d’imposition résidentielle de 1,2 %.

C’est très important pour nous de démontrer que nous comprenons que les citoyens ont besoin d’aide. Ils font face à de nombreuses pressions et nous cherchons des façons de réduire leur fardeau.

Réaffectation du personnel

Certaines municipalités font des économies alors qu’elles ont mis à pied des dizaines, voire des centaines d’employés. Des villes de plus petite taille doivent au contraire mettre à contribution des employés municipaux pour effectuer des tâches qui ne sont normalement pas de leur ressort. C’est le cas à Edmundston, au Nouveau-Brunswick.

Ça [la pandémie] nous a obligés à déployer des effectifs sur le terrain pour faire des choses aussi simples que de s’assurer que la distanciation physique soit respectée dans les épiceries et les pharmacies.

La ville de quelque 16 000 habitants a même mandaté des fonctionnaires d’aider une épicerie et une pharmacie locales à faire leurs livraisons.

Dans le même ordre d’idée, Magog a demandé à certains de ses employés d’appeler des aînés pour s’assurer de leur bien-être dans le cadre d’un partenariat avec des organismes communautaires.

Regarder l’économie se détériorer

Deux jours avant l’ouverture du Championnat mondial de curling féminin à Prince Georges, l’événement a été annulé. Un coup dur pour la municipalité et ses commerçants. La Ville peut difficilement compenser les pertes de retombées touristiques.

Le parc national du Mont-Orford et le lac Memphrémagog attirent des milliers de touristes été comme hiver.

Malgré ses paysages bucoliques qui attirent normalement 7 000 résidents saisonniers et des milliers de touristes, Magog sera anormalement tranquille dans les prochaines semaines. L’annulation de nombreux événements sportifs d’envergure et festivals culturels fera mal à toute la région, se désole la mairesse Hamm.

Pour une ville touristique, c’est sûr que ça a beaucoup d’impact. […] C’est majeur et ça fragilise toute l’économie.

Aide du fédéral et des provinces

La fédération des municipalités du Canada sonde actuellement ses membres pour évaluer leurs besoins et ainsi formuler une demande d’aide au gouvernement fédéral qui sera à la hauteur.

Le conseiller Somerville d’Halton Hills considère que la ville maintient un dialogue constructif avec les gouvernements de l’Ontario et du Canada. Il estime qu’il est cependant un peu trop tôt pour planifier des mesures de redressement.

Au-delà de leurs pertes de revenus, certaines villes s’inquiètent des conséquences de la pandémie qui sont plus difficiles à chiffrer. M. Frizzell, de Prince George, explique qu’au début mai, plus de 3000 travailleurs convergent habituellement dans la région pour planter des arbres. Il se demande si les forêts du nord de la Colombie-Britannique seront regarnies de 300 millions de jeunes pousses comme prévu cet été? La question reste pour le moment sans réponse.


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